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Kaindl, Klaus et Spitzl, Karlheinz (2014) : Transfiction : Research into the realities of translation fiction. Amsterdam/Philadelphie : John Benjamins, 373 p.[Notice]

  • Dominique Pelletier

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  • Dominique Pelletier
    Université d’Ottawa, Ottawa, Canada

Le recueil d’articles Transfiction : Research into the realities of translation fiction, dirigé par Klaus Kaindl et Karlheinz Spitzl de l’Université de Vienne, a été publié à la suite de la 1st International Conference on Fictional Translators and Interpreters in Literature and Film tenue du 14 au 17 septembre 2011 dans la même université. En lieu de dédicace, le livre commence par la célèbre mention « all characters appearing in this work are fictitious. [A]ny resemblance to real persons, living or dead, is purely coincidental ». Comme le mentionne Kaindl dans son introduction, la traduction est devenue une métaphore pour décrire les phénomènes sociaux liés à la mondialisation. Bien que la traduction et l’interprétation soient présentes dans une longue tradition d’oeuvres littéraires qui remonte loin dans l’histoire, elles sont devenues des thèmes récurrents dans l’imaginaire littéraire et cinématographique à cause de la place importante qu’elles occupent dans notre société moderne. C’est ainsi que Transfiction nous présente des phénomènes de traduction dans les oeuvres de fiction, leur rôle dans la trame narrative et leur lien avec la société. Le recueil se divise en quatre parties, ou plutôt quatre épisodes. L’épisode 1 porte sur les approches théoriques qui ont influencé les oeuvres de fiction sur la traduction ou leur étude d’un point de vue traductologique. Dans son article, Rosemary Arrojo insiste sur l’importance de la fiction comme outil théorique, notamment en établissant une comparaison entre la philosophie de Nietzche et le « Funes » de Jorge Luis Borges (p. 40). Même si parfois la fiction peut s’avérer plus enrichissante ou attirante que la théorie, on ne doit pas ignorer l’aspect philosophique présent dans la fiction. Salam Al-Mahadin, pour sa part, nous parle de langue, d’essence et de silence chez les traducteurs fictifs de la série télévisée The Promise de Peter Kosminsky, en s’appuyant sur des traditions linguistiques et philosophiques. La philosophie de Walter Benjamin sur la traduction a certainement inspiré des auteurs, comme le démontrent Fotini Apostolou et Kaindl dans leurs articles. Dans son analyse de la nouvelle de Todd Hasak-Lowy, The Task of This Translator, allusion au texte de Benjamin, Apostolou fait ressortir que Hasak-Lowy tente de « “traduire” le passé de l’essai de Benjamin dans une réalité contemporaine » (p. 85 ; notre traduction), créant une rupture entre passé et présent, langue source et langue cible, et entre texte original et traduction. Kaindl, lui, s’intéresse à l’étrangeté dans la nouvelle St. George and the Translator de Yoko Tawada, dans laquelle l’auteure transforme la philosophie de Benjamin pour développer sa propre philosophie, plus radicale, du langage et de la traduction à partir de la métaphore du dragon. Karlheinz Spitzl nous raconte ensuite l’Étrange destin de Wangrin, dont l’analyse permet d’approfondir les pratiques peu connues des interprètes dans le contexte colonial de l’Afrique de l’Ouest, et fait ressortir la position de pouvoir de l’interprète qui, de nos jours, se perd peu à peu dans le cyberespace. L’épisode 2 porte sur l’espace socioculturel et sur la contextualisation des oeuvres de fiction relativement à la traduction. Ancrés dans des contextes esthétiques, sociaux, politiques, culturels et idéologiques, ces ouvrages sont un reflet de la société. L’étude de la traduction et de l’interprétation dans la littérature et à l’écran permet d’approfondir certaines relations entre traduction, culture et société (p. 19). L’article de Giovanni Nadiani porte sur l’image des traducteurs littéraires italiens à travers les oeuvres de Luciano Bianciardi. Dotés d’une « aura » presque mythologique et à la merci d’une économie capitaliste, les traducteurs littéraires, intellectuels illusoires, rebelles et précaires, doivent lutter pour encourager leur visibilité. Dans leurs articles, Natalia Olshanskaya …

Parties annexes