DocumentationComptes rendus

Ballard, Michel (2013) : Histoire de la traduction. Repères historiques et culturels. Bruxelles : De Boeck Supérieur, 234 p.[Notice]

  • Marie-Alice Belle

…plus d’informations

  • Marie-Alice Belle
    Université de Montréal, Montréal, Canada

En 1992 paraissait la première édition de De Cicéron à Benjamin. Traducteurs, traductions, réflexions, du traductologue et historien de la traduction Michel Ballard. Réédité en 1995 et 2007, cet ouvrage pionnier se distinguait des autres premières synthèses historiques parues à l’époque dans la mesure où il proposait une histoire conceptuelle de la traduction alliant la documentation historique à une réflexion approfondie sur le développement et la confrontation de différentes approches théoriques de la traduction en Europe, de l’Antiquité au début du XXe siècle. Publié dans la collection « Traducto » des presses universitaires belges De Boek Supérieur, le volume Histoire de la Traduction. Repères historiques et culturels offre à la fois un supplément et un prolongement didactique à De Cicéron à Benjamin. La période couverte et la structure historique demeurent les mêmes : l’ouvrage est divisé en cinq chapitres, couvrant respectivement l’Antiquité, le Moyen-Âge, la Renaissance, l’Âge classique et les Lumières, et un long XIXe siècle (« Des Lumières à l’aube du XXe siècle »). Deux modifications majeures sont cependant à noter. La première concerne le format du volume, qui reprend la formule pédagogique propre aux ouvrages de la collection « Traducto » de De Boek Supérieur : division des chapitres en sections et sous-sections facilement repérables grâce à divers procédés de mise en page ; insertion, en marge du texte, d’encadrés offrant des études de cas concises et des mises au point conceptuelles ; présence systématique, en fin de chapitre, d’une section de synthèse intitulée « Faites le point », d’une bibliographie thématique propre à chaque période (« Pour aller plus loin »), et d’un riche assortiment de questions et de pistes de réflexion sur les thèmes abordés dans chaque chapitre (« Testez vos connaissances »). Le second apport de l’ouvrage consiste en une extension de l’aire géographique originellement couverte, en particulier aux chapitres 4 et 5 qui incluent des sections consacrées aux pays de langues slaves, à la (proto-)Roumanie et aux pays nordiques. Les objectifs de l’ouvrage sont clairement exposés dans l’avant-propos (p. 7). S’inscrivant explicitement dans le mouvement récent de valorisation de l’histoire de la traduction comme sous-discipline des études traductologiques, Ballard rappelle l’importance de la composante historique dans la formation des traducteurs et dans la constitution de la traductologie comme un champ d’études à part entière. Ainsi, déclare-t-il, si la pensée sur la traduction semble s’être longtemps caractérisée par un certain « éparpillement » théorique, les traducteurs ne parlant le plus souvent qu’en leur nom propre et sans nécessairement développer une « conscience historique » de leur pratique, il revient à l’historien de dégager les tendances, les composantes et les enjeux de la traduction comme pratique linguistique, mais aussi sociale, esthétique, philosophique et éthique. L’ouvrage propose donc d’établir les « repères » nécessaires à une vision d’ensemble, selon les principes de l’approche descriptive (curieusement nommée « traductologie réaliste (non prescriptive) » en quatrième de couverture), et en se limitant principalement au territoire européen. Les liens avec l’histoire théorique sont aussi clarifiés : si cette dernière ne représente pas l’objet principal du volume, elle peut se lire pour ainsi dire en filigrane, et participe au « balisage » historique. Filant abondamment la métaphore cartographique, Ballard souligne enfin le caractère à la fois initiatique et encyclopédique de l’ouvrage, dont l’objectif est donc de « donner les moyens à celui [et celle, faudrait-il ajouter] qui veut prendre contact avec ce champ, mal connu et immense, de le parcourir à grands pas avec une carte » (p. 7). Le guide d’orientation se révèle extrêmement riche et détaillé. Les jalons historiques, on l’a dit, reprennent ceux, …

Parties annexes