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House, Juliane (2015) : Translation quality assessment : past and present. Londres : Routledge, 160 p.[Notice]

  • Eve-Marie Gendron-Pontbriand

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  • Eve-Marie Gendron-Pontbriand
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Au fil de la deuxième moitié du XXe siècle, l’évaluation de la qualité des traductions est devenue une spécialisation à part entière au sein de la traductologie (Lee-Jahnke 2001 : 206). Juliane House, professeure émérite de l’Université de Hambourg, en a d’ailleurs fait son principal champ de recherche, elle qui est l’auteure d’un des modèles d’évaluation les plus reconnus de la discipline. Son dernier ouvrage fournit un panorama des plus récentes recherches interdisciplinaires portant sur la traduction, les études de corpus, les études psycho- et neurolinguistiques, ainsi que sur la communication interculturelle et la mondialisation. Ceci lui sert d’assise pour réviser son modèle fonctionnel-pragmatique au goût du jour. Comme ses prédécesseurs, décrits respectivement dans A model for translation quality assessment (1977/1981) et Translation quality assessment : a model revisited (1997), cette nouvelle édition s’appuie sur une analyse et une comparaison détaillées des caractéristiques textuelles et culturelles des textes source et cible. Or, pour House, l’évaluation de la qualité est plus qu’une application pratique. Au contraire, elle est intrinsèquement liée à une théorie de la traduction : Le premier chapitre de Translation quality assessment : past and present est d’ailleurs consacré à des questions théoriques. House s’inquiète de voir la traductologie envisager de plus en plus la traduction comme un phénomène principalement social, culturel, politique, éthique et idéologique. Elle affirme que, malgré l’importance de ces divers aspects, il ne faut pas perdre de vue que la traduction demeure essentiellement un acte linguistique. En effet, elle définit la traduction comme une opération linguistique-textuelle par laquelle un texte dans une langue donnée est recontextualisé dans une autre langue, c’est-à-dire le remplacement d’un texte par un autre. L’auteure reconnaît cependant que la langue est imprégnée d’éléments culturels et contextuels, ce qui fait aussi de la traduction une forme de communication culturelle et d’action sociale. Étant donné les multiples facettes de son objet d’étude, la théorie de la traduction devrait donc, selon House, être multidisciplinaire, d’une façon qui permette de réconcilier les approches linguistiques/textuelles et celles qui se concentrent sur le contexte au sens large du terme. Elle est également d’avis qu’une théorie de la traduction ne peut être valide sans une réflexion sur un concept clé : l’équivalence. Pour House, une telle réflexion en entraîne nécessairement une autre : comment évaluer la qualité d’une traduction ? C’est pourquoi elle affirme que « [t]ranslation quality assessment can thus be said to be at the heart of any theory of translation » (House 2015 : 1). L’équivalence est donc la pierre angulaire de l’évaluation de la qualité en traduction. House reconnaît cependant qu’il s’agit d’un concept controversé, voire récusé par certains auteurs (House 2015 : 6). Selon elle, cette situation s’explique par une incompréhension collective du terme. House affirme en effet que des textes dits « équivalents » sont « de valeur égale » (equal value) plutôt que « similaires » ou encore « identiques », bien qu’elle ne précise pas ce qu’elle entend par « valeur ». Elle insiste tout de même sur le fait que la traductologie doit continuer à se pencher sur l’équivalence afin de produire des résultats valides, vérifiables et généralisables. Dans le deuxième chapitre de l’ouvrage, House propose une recension critique de diverses approches traductologiques, qui s’articulent autour de trois axes. Dans un premier temps, House reproche à certaines approches leur manque de rigueur, ainsi que l’absence de concepts opératoires et d’hypothèses testables. C’est selon elle le cas des approches herméneutiques, représentées notamment par Friedrich Schleiermacher, Hans-Georg Gadamer et George Steiner, qui rejettent le positivisme et s’appuient exclusivement sur l’interprétation subjective du traducteur ou du critique. Pour House, …

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