Échos et débats

Conditions changeantes de mobilisation des communautés[Notice]

  • Denis Bourque,
  • Roger Barrette et
  • Jean-Philippe Vézina

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  • Denis Bourque
    Département de travail social
    Université du Québec en Outaouais

  • Roger Barrette
    CLSC Thérèse-de-Blainville

  • Jean-Philippe Vézina
    CLSC Thérèse-de-Blainville

Lors des « Rendez-vous jeunesse » organisés les 3 et 4 avril 2002 par l’Association des Centres locaux de services communautaires (CLSC), des Centres de soins longue durée (CHSLD) et des Centres de santé, nous avons livré un atelier sur les conditions changeantes de mobilisation des communautés du point de vue CLSC. Nous aimerions partager avec les lecteurs de Nouvelles pratiques sociales l’essentiel des préoccupations et des questionnements évoqués lors de cet atelier auquel ont participé plus de 120 personnes. Notre propos est le suivant : il existe des conditions connues et éprouvées de mobilisation des communautés qui nous viennent de l’expertise acquise en cette matière depuis des décennies en CLSC. Cependant, depuis peu, se profile une nouvelle donne qui est porteuse de conditions nouvelles et incertaines en ce qui concerne la mobilisation des communautés. Pour illustrer cette question, nous avons choisi de présenter un exemple concret de mobilisation d’une communauté soit le Consortium Jeunesse de la MRC Thérèse-de-Blainville et son Comité 13-18 ans. Nous n’entrerons pas ici dans les détails de l’historique, de la composition, des objectifs et des réalisations de cette expérience concluante de mobilisation. Attardons-nous plutôt sur ce qui se dégage de cet exemple en termes de conditions de succès. Nous y retrouvons la plupart des conditions relevées dans la littérature, soit le fait que les acteurs mobilisés adoptent des orientations et des buts communs, qu’ils se donnent une structure de fonctionnement souple et efficace et qu’il existe un climat d’ouverture et de confiance, de même qu’un engagement réel des partenaires basé sur un parti pris pour des actions concrètes. Nous ajoutons qu’il est important de désigner un organisme responsable de la mobilisation (ici le CLSC), de compter sur une représentation adéquate des partenaires (en nombre et en statuts semblables), de se centrer sur un partenariat-terrain plutôt que sur un partenariat-gestion, de se donner des objectifs réalisables, d’assurer la visibilité de l’action concertée dans le milieu et, enfin, de rendre l’instance ouverte et accessible aux différents partenaires concernés. Mais plus fondamentalement, la condition structurante de mobilisation des communautés renvoie au type de rapports que le CLSC établit avec son milieu, particulièrement avec les organismes communautaires. La capacité du CLSC d’oeuvrer à cette mobilisation repose sur l’établissement de rapports de solidarité, et même de complicité, avec le communautaire. Selon la typologie de Favreau et Hurtubise, ces CLSC s’inscrivent dans le modèle sociocommunautaire. Toutefois, il existe des obstacles à la mobilisation des communautés : les chasses gardées et la compétition trop forte entre les acteurs et les mauvaises expériences antérieures de ces derniers au chapitre de la concertation et du partenariat. La présence d’un leadership trop directif et d’une mainmise de certains partenaires sur la concertation, et la sur-sollicitation des partenaires engendrée, entre autres, par la tendance à la fragmentation de la concertation autour de problématiques trop pointues constituent également des obstacles de taille aux efforts de mobilisation. Jusque-là, les lecteurs de Nouvelles pratiques sociales n’auront peut-être pas appris grand-chose relativement à la mobilisation des communautés. Toutefois, la nouvelle donne qui s’installe pourrait nous amener sur un terrain beaucoup moins connu. Trois inputs sont à considérer : la Commission Clair, la Loi sur la gouverne et la santé publique, et la Politique sur l’action communautaire. Tout d’abord, il faut savoir que le rapport de la Commission Clair comporte la recommandation 12 qui se lit comme suit : « Que le CLSC ait la responsabilité de coordonner les ressources de la communauté requises pour répondre aux besoins de sa population. » Le terme « coordonner » est assez différent des termes « supporter » ou « soutenir » utilisés jusqu’à …

Parties annexes