Les comptes rendus

Pratiques émergentes en déficience intellectuelle. Participation plurielle et nouveaux rapports Jean-Pierre Gagnier et Richard Lachapelle (sous la direction de) Presses de l’Université du Québec 2002, 284 p.[Notice]

  • Jean Proulx

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  • Jean Proulx
    LAREPPS
    Université du Québec à Montréal

Voilà un ouvrage qui arrive à point nommé avec les orientations de la récente politique gouvernementale en matière de services aux personnes ayant une déficience intellectuelle, à leur famille et à leurs proches : De l’intégration sociale à la participation sociale (MSSS, 2001). Comme son nom l’indique, cet ouvrage aborde la question des pratiques émergentes dans le domaine de la déficience intellectuelle et présente un état de situation sur les plus récents développements théoriques en matière d’intervention en déficience intellectuelle ; les thèmes de la participation et de la démocratisation des pratiques sont au coeur de cet ouvrage. Sous la direction de Jean-Pierre Gagnier et Richard Lachapelle, respectivement professeur et chercheur au Département de psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières et directeur adjoint des services professionnels et de réadaptation au Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI) Normand-Laramée de Laval, cet ouvrage collectif de huit chapitres, auquel 13 auteurs ont collaboré, représente « la partie publique de l’expérience de réflexion, d’échange et de confrontation de points de vue sur les avenues possibles pour soutenir et accentuer la démocratisation des pratiques dans le domaine de la déficience intellectuelle » (p. 8). Il invite à un renouvellement des pratiques au sein des établissements du secteur public dans le contexte d’un nouveau paradigme en émergence, celui de la nécessité « des changements de rapport entre l’organisation, les clients et la communauté favorisant une meilleure participation et une plus grande démocratie » (p. 4). Mais loin de s’en tenir à des débats théoriques, plusieurs chapitres comportent également un volet pratique important. Le premier chapitre : De l’exclusion à la participation démocratique des personnes présentant une déficience intellectuelle, sous la plume de Mireille Tremblay, donne le ton à l’ouvrage. Traçant le portrait de l’évolution des « idéologies » et des pratiques en déficience intellectuelle au xxe siècle, elle montre comment, aujourd’hui, la notion de participation sociale invite les intervenants à franchir une nouvelle étape en soutenant la participation citoyenne des personnes ayant une déficience intellectuelle. Pour l’auteure, ce droit de participation ne doit pas se limiter aux décisions les concernant plus spécifiquement (participation au plan d’intervention, participation au sein des instances du réseau public), mais doit s’étendre à une véritable participation citoyenne aux affaires publiques. Déjà, on comprend que ce nouveau « paradigme » appelle à une modification profonde du rôle de l’intervenant. Non seulement doit-il revoir la nature de ses rapports avec l’usager de façon à lui permettre de participer davantage à ses choix de vie, mais cela implique également d’intervenir dans la communauté dans le cadre d’une approche plus communautaire. Le chapitre deuxième, signé par Carmen Dionne, Michel Boutet et Francine Julien-Gauthier, montre comment, tout en continuant de tenir en compte des caractéristiques personnelles des personnes (cognitives, de personnalité), l’intervenant doit considérer les caractéristiques de l’environnement, qu’il soit physique ou humain, afin que celui-ci concoure à l’intégration et à la participation sociale des personnes. Cette double prise en compte doit ainsi amener l’intervenant à soutenir non seulement la personne ayant une déficience intellectuelle, mais également les parents, les proches et les autres intervenants du milieu, bref, à soutenir les « milieux de vie » de la personne dans ce que les auteurs appellent une perspective « écologique ». Les auteurs proposent ensuite des outils d’intervention à cet égard. Relatant une recherche-action réalisée avec et auprès de parents de personnes ayant une déficience intellectuelle, le chapitre de Jérôme Guay et Yolande Thibodeau vient appuyer cette nécessité de travailler avec l’entourage de la personne, en particulier avec les parents et les proches. Cette nouvelle approche implique, pour l’intervenant, la nécessité d’accepter de …