Les comptes rendus

Sous la direction de Louise Guyon, Serge Brochu et Michel Landry, Les jeunes et les drogues. Usages et dépendances, Québec, Presses de l’Université Laval, 2005, 360 p.[Notice]

  • Céline Bellot

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  • Céline Bellot
    École de service social
    Université de Montréal

Parler des jeunes et des drogues demeure un exercice périlleux. Entre banalisation et dramatisation, la marge de manoeuvre est étroite pour faire état de la consommation de drogues et des risques pour les jeunes. Soulignons donc d’entrée de jeu, la réussite de ce collectif d’auteurs d’avoir su, d’une part, présenter les tendances et les modes de consommation des jeunes et, d’autre part, de rendre compte des facteurs pouvant mener à des situations de dépendance pour les jeunes. Inscrit en continuité d’un séminaire sur la jeunesse et la toxicomanie organisé par le RISQ (Recherche et interventions sur les substances psychoactives-Québec), le CIRASST (Collectif en intervention et recherche sur les aspects sociosanitaires de la toxicomanie), l’Association des centres jeunesse du Québec et la Fédération des centres de réadaptation pour personnes alcooliques et autres toxicomanes, le livre poursuit l’objectif de bilan, de transfert des connaissances et de réflexions sur les pistes d’avenir en intervention et en recherche sur la question des drogues et des jeunes. Organisé autour de huit chapitres, le livre vise donc à exposer différentes facettes du phénomène. Le chapitre 1 présente les résultats de différentes enquêtes menées auprès des jeunes fréquentant les écoles secondaires du Québec. Il ressort de ces études que le cannabis et l’alcool sont les produits les plus consommés même si leur usage demeure le plus souvent expérimental et occasionnel. Pourtant, la situation d’une minorité de jeunes apparaît plus préoccupante. Ces études révèlent, en effet, une relation étroite entre usage problématique de différents produits, mais aussi avec le jeu. Ainsi, la consommation et le jeu pourraient être les symptômes d’un mal-être plus profond de ces jeunes. Finalement, les auteures mettent en lumière un enjeu particulier pour les jeunes qui, sans avoir une consommation problématique, font un usage excessif de substances psychoactives. Pour ceux-là, rien n’est prévu ou trop peu en intervention. Le chapitre 2 décrit, d’une part, les trajectoires de développement de la consommation d’alcool, de marihuana et d’autres drogues et de leur interrelation. D’autre part, ce chapitre propose une comparaison entre les effets de différents programmes de prévention. Ces analyses permettent de faire ressortir les profils des jeunes qui en raison de caractéristiques personnelles et sociofamiliales seraient plus susceptibles de connaître de grandes difficultés de consommation. Le chapitre 3 porte sur l’association entre négligence envers les enfants et abus de drogues ou d’alcool des parents. En comparant la situation d’enfants négligés dont les parents sont toxicomanes à la situation d’autres enfants négligés, il est possible de saisir les plus grandes difficultés des familles aux prises avec des problèmes de toxicomanies. Ce constat alarmant s’ajoute à celui de l’entourage des enfants qui semble davantage signaler les situations que les intervenants sociaux eux-mêmes. Dans ce contexte, les défis pour l’intervention sont nombreux, notamment pour reconnaître les situations et agir pour soutenir les enfants et leurs familles. Le chapitre 4 traite du phénomène de l’injection de drogues chez les jeunes de la rue mineurs en s’intéressant au moment clé de l’initiation. Première étude sur ce moment particulier, elle vient révéler à quel point le contexte de vie de rue de ces jeunes, en termes de précarité et de vulnérabilité, constitue un facteur déterminant dans le passage à l’injection. Les stratégies de survie, notamment la prostitution, mais aussi le contexte des valeurs et des habitudes de consommation de la rue pèsent souvent dans le processus de passage à l’injection. En cernant les facteurs contextuels autour de l’initiation à l’injection pour les jeunes de la rue, il devient possible de saisir à quel point la vie de rue alimente la vulnérabilité et la détresse de ces jeunes. Le chapitre 5 revient …