Comptes rendus

Les métropoles au défi de la diversité culturelleBernard Jouve et Alain-G. Gagnon (dir.), Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, coll. « Symposium », 2006, 291 p.[Notice]

  • Jacinthe Rivard

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  • Jacinthe Rivard
    Doctorante en Sciences humaines appliquées, Université de Montréa, Coordonnatrice de recherche

L’ouvrage résulte d’un colloque organisé dans le cadre du Congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS — mai 2004), où divers auteurs européens et nord-américains ont partagé leurs réflexions sur la diversité culturelle en milieu urbain.

Ces quatre questions, centrales, trouvent réponse essentiellement dans le premier texte (Jouve et Gagnon) qui introduit l’ouvrage. Après un bref survol des changements de repères paradigmatiques qui représentent de véritables défis pour les sciences sociales, à penser ou repenser le monde, de l’ère « westphalienne », à la chute du mur de Berlin, jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001, Wieviorka soulève en préface deux questions. La première : La seconde : Reconnu classiquement comme le lieu de fonctionnement de la démocratie, l’État-nation se transforme, s’adapte, mais ne suffit plus. D’autres espaces se renforcent, c’est le cas de l’espace supranational, alors que de nouveaux émergent. La ville, en effet, « devient elle aussi globale » (p. 11) et s’érige comme un espace politique de première importance. Ainsi, les villes suscitent un intérêt particulier pour « l’articulation des jeux politiques qu’elles mettent en forme avec ce qui se joue à d’autres niveaux, régions, État, espaces supranationaux » (p. 12). Le premier texte, de Bernard Jouve et Alain-G. Gagnon, « Métropoles, diversité culturelle et changement politique », met de l’avant deux dimensions : la première s’intéresse aux minorités nationales et aux droits polyethniques. La seconde relève des dynamiques propres au milieu urbain, inscrivant ainsi « la ville au coeur des travaux sur le pluralisme communautaire et la diversité culturelle » (p. 16). Par le truchement des thèmes liés aux dynamiques identitaires, à la communauté, aux minorités politiques face aux métropoles, aux régimes nationaux de citoyenneté, aux nouveaux mouvements sociaux, aux effets d’un accès à l’agenda politique, les auteurs font l’état des connaissances sur la question, en présentant tour à tour les 11 études de cas qui suivent. Celles-ci viennent en quelque sorte renforcer ce premier texte et jouent un rôle explicatif et illustratif. Pour le présent exercice, quelques éléments apparaissant comme essentiels ont été brièvement relevés pour chacun des textes. Ils font la preuve par ailleurs, selon les auteurs, que les « minorités politiques » interviennent localement au plan urbain, et ce, à plusieurs égards. Le deuxième texte, de Romain Garbaye, « La montée en puissance du “pouvoir musulman” dans les villes britanniques et françaises : vingt ans d’évolution parallèle », examine les modalités de la participation musulmane à la vie politique municipale, c’est-à-dire dans les institutions formelles du pouvoir, les Conseils municipaux et les administrations municipales, en Grande-Bretagne et en France. D’un pays à l’autre, cette participation est vraisemblablement très différente et relève, notamment, de « l’épaisseur historique d’implantation des communautés issues de l’immigration » (Jouve et Gagnon, p. 32). Le troisième texte, de Claire de Galembert, « La construction de l’Islam comme ressource d’autorité politique du pouvoir local : la parabole de Mantes-la-Jolie », traite des relations entre la municipalité de Mantes-la-Jolie et sa mosquée. Le cas illustre bien qu’en milieu urbain les « minorités politiques » interviennent localement en matière de participation à la prise de décision. L’auteure met en relief les mécanismes de cooptation entre le politique et le religieux, qu’elle qualifie d’« éminemment personnels » (p. 90), allant à l’encontre par ailleurs de la « Loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État » (Jouve et Gagnon, p. 33). Le quatrième texte, de Georges Felouzis, « Mixité urbaine et ségrégation ethnique dans les collèges français », propose de centrer la réflexion « sur les mécanismes de ségrégation scolaire dans leurs rapports à l’urbain » (p. 95), à partir de l’exemple d’un quartier en voie de transformation sociale. Il démontre que dans un contexte de transformation urbaine, fortement inhérent à la hausse des prix de l’immobilier, la prise en main de l’école par les classes moyennes …