Disputatio

Literal Meaning de François Recanati[Notice]

  • Steven Davis

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Une des questions centrales du livre de François Recanati, Literal Meaning, concerne la façon de déterminer ce qui est dit lorsqu’on utilise une phrase dans un contexte donné. Recanati affirme que ce qui est dit est déterminé par le contexte dans lequel la phrase est utilisée, même si celle-ci ne contient pas d’éléments indexicaux apparents. Lorsque les phrases sont utilisées de façon assertive, ce qu’elles disent — leur signification, que Recanati assimile à leurs conditions de vérité — est déterminé par le contexte. Il s’ensuit qu’il n’y a aucun usage d’une phrase assertive pour lequel les conditions de vérité seraient simplement données par la signification lexicale des parties et la forme logique de la phrase. Recanati affirme que différents processus pragmatiques en jeu dans l’interprétation déterminent ce qui est dit —c’est-à-dire, fournissent les conditions de vérité des phrases utilisées lors d’occasions particulières. Je soutiendrai qu’il y a deux sens à « déterminer » et que, dans le sens qui est important, les processus pragmatiques invoqués par Recanati ne déterminent pas ce qui est dit dans les phrases utilisées. Je décrirai brièvement la théorie de Recanati et me pencherai ensuite sur quelques critiques de cette approche. Recanati distingue trois sortes de signification : linguistique, primaire et secondaire (pp. 21 et 80). Les significations linguistiques ont trait aux types d’expressions, les significations primaires se rapportent à ce qui est dit par les locuteurs, et les significations secondaires à ce que les locuteurs sous-entendent, c’est-à-dire à l’implicature conversationnelle de ce qui est dit. Une théorie sur la signification, que Recanati appelle « minimalisme », soutient que la signification d’une phrase déclarative est donnée par la signification linguistique des expressions qui la constituent et par sa forme logique, sauf si elle contient des indexicaux ou des variables. Les significations linguistiques des expressions d’une phrase et sa forme logique sont les caractéristiques des types de phrases et d’expressions. Donc, si l’occurence d’un type qui ne contient pas d’indexicaux est utilisée lors d’une occasion particulière, elle hérite des conditions de vérité de son type. Les indexicaux sont des éléments linguistiques qui peuvent changer de valeur sémantique d’un contexte à l’autre. Si un type de phrase utilisé dans un contexte particulier contient un indexical, ce qui selon la théorie minimaliste ne s’applique qu’à un petit nombre d’expressions, il est nécessaire que la valeur sémantique de l’indicateur indexical soit donnée par des caractéristiques du contexte dans lequel la phrase est utilisée. Une façon de voir la signification des indexicaux est de les considérer comme des fonctions qui vont du contexte d’utilisation à la valeur sémantique. Quand je dis, par exemple : les valeurs de « Je », de « maintenant » et de « ici » sont données par leur signification linguistique — respectivement, la personne qui utilise l’énoncé-occurrence, le moment de l’énoncé-occurence et l’endroit de l’énoncé-occurence —, de même que par le contexte dans lequel l’énoncé 1 est utilisé. Ces significations linguistiques sont respectivement attribuées, pour « Je », à moi comme valeur ; pour « maintenant », au moment où l’énoncé 1 est utilisé, et pour « ici », à l’endroit où il est énoncé. Pour produire la signification de 1, en plus de la signification des expressions qu’elle contient, il est nécessaire de connaître la forme logique de la phrase ; cette connaissance m’est donnée par la syntaxe de mon idiolecte. Ainsi, étant donné la signification des expressions et la forme logique de 1, la sémantique de mon idiolecte génèrerait sa signification. Recanati rejette le minimalisme (pp. 7-8). Il pense plutôt que la signification linguistique et la forme logique ne sont jamais suffisants pour déterminer …

Parties annexes