Recensions

La globalisation de la politique mondiale, sous la dir. de John Baylis, Steve Smith et Patricia Owens, adaptation d’Afef Benessaieh, Montréal, Modulo, 2012, 603 p.[Notice]

  • Jonathan Martineau

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La parution chez les Éditions Modulo de La globalisation de la politique mondiale est certes un développement attendu pour tous ceux déjà familiarisés avec la version anglaise de l’ouvrage. Celle-ci s’était rapidement imposée comme un incontournable dans le champ des relations internationales (RI) par son efficacité pédagogique et sa rigueur. On ne peut que saluer l’adaptation française qui devrait s’avérer un outil de la plus grande utilité autant pour les enseignants que pour les étudiants des RI dans le monde francophone. Adapté par Afef Benessaieh et son équipe à partir d’éléments provenant des deux plus récentes éditions du volume de Baylis, Smith et Owens, l’ouvrage se découpe en quatre parties et 31 chapitres. Après un exercice de contextualisation historique des relations internationales suivent dans l’ordre une partie dédiée à différentes théories des relations internationales, une partie sur les « structures et dynamiques » de la politique mondiale, puis finalement une partie traitant de divers enjeux contemporains. Il faut noter dès le départ qu’il ne s’agit pas d’une simple traduction. L’ouvrage présente, par rapport à la version anglaise, une série de modifications, de coupures et de précisions, sous la supervision scientifique de Jean-François Thibault et Frédérick Guillaume Dufour, qui ont pour effet de clarifier et de rendre plus accessibles au public francophone certains passages, par exemple en utilisant des références historiques plus connues dans le monde francophone, ce qui est bienvenu étant donné le caractère éminemment américano-centré de la discipline en général. Les « lectures utiles » regroupées à la fin des chapitres privilégient les sources en français et la bibliographie constitue en elle-même un outil opportun pour la communauté francophone des RI. Le livre présente de nombreux outils de compréhension qui découpent les textes. Une série d’encadrés, d’études de cas résumées en quelques paragraphes, de groupes de puces synthétisant les idées principales de chaque section, etc. couvre l’ensemble des chapitres, déjà rédigés avec un grand souci pédagogique au départ. Si d’une part un tel attirail d’outils pédagogiques aide sans doute le lecteur à isoler les enjeux centraux et à procéder à une lecture synthétique, il tend toutefois à gommer les nuances en attirant constamment l’attention sur les formules simplifiées plutôt que sur le corps du texte, d’où le risque parfois de « sloganiser » une série d’idées ou d’enjeux complexes. En ce sens, une mise en page plus sobre aurait pu être envisageable sans pour autant entamer l’efficacité pédagogique exceptionnelle du manuel. Après un chapitre d’introduction et un chapitre portant sur le concept et l’histoire de la « globalisation », distinguée par les auteurs de la « mondialisation » sur la base d’un référent conceptuel dépassant l’aspect « purement géographique » du phénomène et mettant l’accent sur son caractère structuré, la première partie du volume qui traite de l’histoire des relations internationales tente d’offrir un récit « mondial » allant au-delà de la civilisation occidentale, avec des résultats mitigés. L’inclusion de quelques événements ayant eu cours au sein des civilisations chinoise ou islamique ne suffit pas à désoccidentaliser le récit historique, quoique la position postpositiviste avouée des éditeurs sur le plan de la normativité laisse présager que les efforts en ce sens sont authentiques, même si chaque auteur garde bien entendu ses propres spécificités et que l’ouvrage, en tant que collectif, présente un vaste éventail de positions théoriques et normatives. La partie suivante offre un portrait simplifié, mais non pas simpliste, des principales théories en RI. Les introductions théoriques relèvent toujours en partie de constructions aux fins pédagogiques et rares sont les introductions au réalisme, par exemple, qui rendent compte des nuances que l’on retrouve chez les auteurs associés à …