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Je me présente d’abord brièvement pour tous ceux qui ne me connaissent pas (ce qui est probablement la majorité d’entre vous !). Mon nom est Ulla Hoff, et mon lien avec Sylvie, qui s’est amorcé dans les années 70, s’est créé à travers mon regretté mari, Bernard Arcand (qui nous a quittés il y a plus de dix ans).

Bernard et Sylvie se connaissaient par leur profession, étant anthropologues tous les deux. Leur travail conjoint sur l’écriture et la publication du livre L’image de l’Amérindien dans les manuels scolaires du Québec (ou Comment les Québécois ne sont pas des sauvages), en 1979, les avaient amenés à collaborer et à se côtoyer fréquemment. Bernard appréciait énormément travailler avec Sylvie, la trouvant compétente, responsable, savante et ayant un bon sens de l’humour, ce qui était presque essentiel pour lui !

Donc, leur travail se faisait rondement.

À cette époque Sylvie et moi avons fait connaissance en nous croisant occasionnellement lors de ces rencontres de rédaction. Je partageais tout à fait l’appréciation de Bernard à son sujet. Ensuite il y a eu l’association de Sylvie et Serge Bouchard dans leur compagnie SSDCC, ce qui élargissait encore leur cercle d’anthropologues qui se côtoyaient et s’appréciaient. Serge et Bernard étaient déjà aussi, bien sûr, des amis et des complices à vie, ayant collaboré à de nombreuses émissions de radio, à des publications, et j’en passe.

Cependant, la distance entre nos domiciles respectifs qui se trouvaient à cette époque, à Longueuil et à Québec, et nos vies très remplies par nos emplois ainsi par nos enfants qui s’ajoutaient au fur et à mesure, ne favorisaient pas le développement d’une amitié très proche entre Sylvie et moi, mais le potentiel était vraiment là !

Après le décès de Bernard, Sylvie est devenue un support infaillible dans des moments pénibles, même à distance. Une personne vraiment fidèle… elle est même venue écouter des concerts d’une chorale dans laquelle j’ai été choriste pendant quelques années lorsque j’étais à Montréal !

Mais c’est lorsqu’elle a accepté de façon inconditionnelle et généreuse de collaborer avec Serge et moi sur la publication d’un manuscrit inachevé de Bernard (qui allait être publié en 2019 sous le titre Les Cuivas) que nous nous sommes rapprochées davantage et que nous avons développé une vraie complicité.

Sylvie était éminemment sympathique.

J’ai beaucoup apprécié sa douceur, son humour et sa discrétion en plus de ses qualités professionnelles, sa rigueur scientifique et intellectuelle, son intégrité et ses hauts standards éthiques. Ajoutez à tout cela une maîtrise remarquable de la langue française. De plus, son respect pour l’écriture et l’esprit de Bernard imprégnait tout son travail, et tant son énergie que sa persévérance nous ont permis de mener cette oeuvre à terme en peu de temps. Je lui en suis et lui en serai toujours profondément reconnaissante.

Sylvie nous a été arrachée soudainement et de façon absurde. Nous, ses amis et ses proches, nous restons avec un vide et une grande peine.

Nous ne l’oublierons jamais.

[5 septembre 2021]