Lu pour vous

BOUCHARD, Louise, et Martin DESMEULES (2001), Minorités de langue officielle du Canada. Égalités devant la santé?, Montréal, Presses de l’Université du Québec, Collection, Problèmes sociaux et interventions sociales, 96 p.[Notice]

  • Thomas Matukala Nkosi

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  • Thomas Matukala Nkosi, Ph.D.
    Coordonnateur de recherche,Centre de collaboration nationale des méthodes et outils, McMaster University

Des bilans rendent compte régulièrement de l’état d’avancement de la lutte contre les inégalités de santé qui existent entre les communautés à travers le Canada. Foisonnant de données et d’observations accumulées depuis plus de dix ans, Minorités de langue officielle du Canada. Égalités devant la santé? de Bouchard et Desmeules, trop court à notre avis, enrichit le débat entourant le système de santé canadien et des contrastes qu’il produit au regard des populations vivant en situation minoritaire au pays. Organisé autour de quatre grands chapitres, il s’adresse à la fois aux chercheurs, aux étudiants, aux décideurs, aux professionnels de la santé et au grand public. Le premier chapitre jette un coup d’oeil sur les moments forts de la situation historique, politique et démographique des minorités nationales et ethniques et d’autres groupes en situation minoritaire au Canada. Le concept de « groupe en situation minoritaire » permet d’éviter « de placer le groupe en position d’infériorité par rapport aux autres groupes et met en évidence le fait que c’est la situation qui crée problème et non le groupe en tant que tel » (p. 2). À partir d’une perspective populationnelle de santé, Bouchard et Desmeules proposent une lecture sociologique des inégalités en indiquant notamment que ceux qui occupent des positions sociales inférieures se trouvent défavorisés dans ce domaine. Les auteurs montrent comment, sous cet angle-là, les francophones hors Québec constituent la seconde minorité du pays, après les autochtones. Poursuivant cette approche géopolitique, les auteurs montrent que, bien que relativement nombreux — près d’un million hors Québec —, les francophones en situation minoritaire sont dispersés sur un vaste territoire. Ils se regroupent souvent dans de petites localités, surtout nordiques, souvent isolées des grands centres. Le tableau de la page 72 montre la répartition des francophones pour chacune des provinces canadiennes. Après le Québec, c’est en Ontario que les francophones sont les plus nombreux (537 595), suivis du Nouveau-Brunswick (235 130), de l’Alberta (62 785), de la Colombie-Britannique (61 735), du Manitoba (43 120), de la Nouvelle-Écosse (32 225), de la Saskatchewan (14 850) et de l’Ile-du-Prince-Édouard (5 135). Ce sont ces données qui amènent Bouchard et Desmeules à constater qu’à l’échelle nationale, les Canadiens français (4,3 % de la population) s’avèrent triplement minoritaires, soit « dans leurs provinces ou territoires, dans leur pays et sur leur continent » (p. 6). En ce qui concerne l’aménagement linguistique, les auteurs rappellent que malgré la Loi sur les langues officielles de 1969 et la Charte des droits et libertés de 1982, les minorités francophones doivent encore se battre pour obtenir certains droits pourtant reconnus dans la constitution canadienne. L’exemple le plus frappant est la très célèbre « Affaire Montfort » en référence à l’unique hôpital qui dessert majoritairement les francophones de l’Ontario et que le gouvernement de Mike Harris voulait fermer. Aujourd’hui, grâce à la détermination d’une population mobilisée, cet hôpital joue un rôle prédominant dans la lutte pour la francisation des établissements de santé partout en Ontario. Le deuxième chapitre présente le cadre théorique des inégalités de santé à travers les quatre principales catégories des déterminants de la santé que sont la biologie humaine, les conditions sociales, le style de vie et l’organisation des services médicaux. Les auteurs définissent au passage quelques déterminants sociaux importants de la santé, entre autres, la position sociale, le gradient de santé et les inégalités en santé. Cela permet de tenir compte de la dimension de la « santé perçue » qui correspond à un indicateur de description qu’utilisent la plupart des enquêtes portant sur le sujet. Le débat sur les rapports entre langue, culture et santé ainsi que …