Comptes rendus

Angeline Durand-Vallot, Margaret Sanger et la croisade pour le contrôle des naissances, Lyon, ENS Éditions, 2012, 195 p.[Notice]

  • Christabelle Sethna

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  • Christabelle Sethna
    Université d’Ottawa

Margaret Sanger (1879-1966) a mené une longue vie mouvementée, tumultueuse et marquée à jamais par sa campagne pour la limitation des naissances. Dans son ouvrage intitulé Margaret Sanger et la croisade pour le contrôle des naissances, l’auteure et traductrice Angeline Durand-Vallot offre au lectorat un survol du militantisme de Sanger à partir de 1914 jusqu’au milieu des années 20, ainsi qu’une sélection de ses publications et de ses discours de la même période. Plus tard dans sa vie, Sanger a participé à la création de l’International Planned Parenthood Foundation et à l’obtention de fonds pour mettre au point la pilule anticonceptionnelle. Cependant, plus tôt dans sa vie, elle a avancé des arguments pour une méthode permettant aux femmes de limiter les naissances par elles-mêmes, arguments qui étaient fièrement fondés sur le socialisme et le féminisme à une époque où le commerce illicite et clandestin de la contraception et de l’avortement était en plein essor et où la médecine répugnait à éduquer les médecins sur la régulation de la reproduction. Issue d’une famille irlando-américaine, catholique et pauvre qui vivait à Corning, New York, Margaret Louise Higgen s’est mariée avec William Sanger, a mis au monde trois enfants et a travaillé comme infirmière en obstétrique dans le quartier du Lower East Side, dans l’arrondissement de Manhattan à New York. Ses perspectives ont fortement subi l’influence non seulement de l’athéisme de son père, mais aussi du constant déclin de la santé de sa mère, attribuable à ses dix-huit grossesses. Emma Goldman, Max Eastman et d’autres membres de la gauche radicale intellectuelle ont aussi façonné la pensée de Margaret Sanger et sa clientèle, dont plusieurs étaient des immigrantes de la classe ouvrière épuisées par des accouchements répétés et meurtries par des avortements clandestins, et l’ont motivée à lutter pour la distribution publique d’informations et de dispositifs de limitation des naissances. Sanger est allée en Europe pour approfondir ses connaissances en la matière et, à son retour, elle a écrit Family Limitation (La limitation de la famille), brochure sur les méthodes de limitation des naissances à l’intention des femmes et des hommes. L’envoi de cette brochure par la poste contrevenait à la loi Comstock de 1873, laquelle interdisait l’utilisation du service postal états-unien pour distribuer des informations ou des dispositifs de limitation des naissances et dont l’infraction était punissable d’amendes ou d’emprisonnement. En 1914, Sanger s’est enfuie en Europe, où elle a poursuivi ses recherches sur les méthodes de limitation des naissances en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. Après son retour aux États-Unis l’année suivante, elle a vu son unique fille mourir d’une pneumonie. En 1916, malgré son deuil et dans le plus grand intérêt du public, Sanger a pris sa propre défense en justice et les accusations portées contre elle ont été abandonnées. La même année, à la suite d’une tournée nationale de conférences, sa soeur Ethel Byrne, aussi infirmière, et elle-même ont ouvert une clinique de limitation des naissances à Brooklyn. Les deux soeurs distribuaient des informations sur le sujet en anglais, en yiddish et en italien, et elles fournissaient aux femmes des diaphragmes correctement ajustés. Avec une traductrice travaillant dans la clinique, Fania Mindell, les soeurs ont été arrêtées et jugées coupables de divers crimes. Bien que le jugement contre Sanger n’ait pas été infirmé en appel, la décision du tribunal a néanmoins permis au personnel médical d’offrir en toute légalité, pour des raisons de santé, des conseils sur la limitation des naissances. En 1921, Sanger a fondé l’American Birth Control League, première incarnation de la Planned Parenthood Federation of America. Après avoir divorcé de son premier époux, Sanger a …

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