RecensionsBook Reviews

Justice on the Job : Perspectives on the Erosion of Collective Bargaining in the United States, sous la direction de Richard N. Block, Sheldon Friedman, Michelle Kaminski et Andy Levin, Kalamazoo, Michigan : W.E. Upjohn Institute for Employment Research, 2006, 351 p., ISBN-13: 978-0-88099-278-7.[Notice]

  • Pierre Verge

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  • Pierre Verge
    Université Laval

L’étiolement actuel du syndicalisme aux États-Unis (seulement 7,9 % des salariés du secteur privé y appartenaient à un syndicat en 2004) avait incité à la tenue d’un séminaire conjoint de la School of Labor and Industrial Relations at Michigan State University et de la centrale AFL-CIO ayant pour objet de promouvoir la recherche universitaire sur les droits des travailleurs en ce pays. De là, le présent collectif réunissant 13 textes de spécialistes de différentes sciences du travail qu’unissait une préoccupation commune : la faiblesse de la protection des droits des travailleurs aux États-Unis porte atteinte non seulement aux personnes lésées, mais au bien-être de l’ensemble de la société américaine : « Justice, fairness, and widely shared prosperity are the watchwords of the papers in this volume » (p. 5). Trois angles d’intervention se conjuguent ainsi : tantôt un appel à des valeurs, à des principes moraux, comme les droits fondamentaux de la personne, tantôt l’examen critique détaillé de la mise en oeuvre de la législation régissant les rapports collectifs du travail, tantôt une démonstration empirique d’un aspect particulier de ce contexte syndical difficile, sinon adverse. Ces textes sont regroupés selon cinq parties : l’étendue de la liberté syndicale dont jouissent les travailleurs américains (I); l’importance de cette liberté pour les travailleurs et leurs milieux (II); les entraves juridiques à l’exercice des droits des salariés (III); la réception aux USA de l’apport du droit international relatif à ces droits (IV), et, enfin, des stratégies qui s’imposeraient pour promouvoir les droits des travailleurs (V). Le premier de ces textes, celui du professeur Gross de Cornell apporte le diapason : la liberté d’association, celle de négocier collectivement et le droit de grève doivent être reçus comme les droits humains fondamentaux; la hiérarchie des droits devrait conduire à limiter la portée du pouvoir de l’employeur fondé sur le droit de propriété de l’entreprise, ou encore sa liberté d’expression lors de campagnes de syndicalisation, ce que ne reconnaît pas la jurisprudence des arbitres américains, ni celle du N.L.R.B.; des courants actuels en GRH ne respectent pas, non plus, ces valeurs humaines fondamentales. Une étude suivante porte précisément sur le processus électoral du N.L.R.B. en matière de représentativité syndicale et tend à démontrer qu’il ne correspond pas aux standards de liberté et d’équité en matière électorale; en particulier devrait-on s’assurer d’une liberté effective d’expression du syndicat. Un texte suivant relève les limites qu’apporte le droit, tant fédéral qu’étatique, à la liberté syndicale dans le secteur public. Les fruits de l’exercice de cette liberté sont ensuite concrètement entrevus grâce à une analyse empirique des avantages résultant pour les travailleurs, tant individuellement que collectivement, d’une première convention collective, lorsque, du moins, l’on parvient à la négocier… Semblablement, un examen de l’apport de la négociation collective en tant qu’instrument de valorisation du travail dans un secteur de travail de bas niveau, en l’occurrence, le secteur hôtelier, soit un exemple d’un domaine vital d’implantation du syndicalisme actuel. Recherche empirique ensuite de ce qui peut motiver certains employeurs à négocier certains accords de neutralité avec des syndicats cherchant à s’implanter dans l’entreprise et à s’en remettre volontairement à ce sujet à l’évaluation de la représentativité du groupement à partir des cartes d’adhésion, sans recourir au vote officiel selon la loi. L’impact négatif d’une conception jurisprudentielle de la notion de personnel de direction, catégorie exclue de la portée positive de la loi régissant les rapports collectifs du travail et dont l’ampleur s’est accrue au fil des ans, est l’objet d’un examen en fonction de la syndicalisation du personnel infirmier dans les hôpitaux. Suit une évaluation empirique de la perception des intérêts, patronaux …