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Fruit d’un colloque tenu en 2003 à la Bibliothèque Gabrielle-Roy, bibliothèque modèle en Amérique francophone et véritable synthèse des pratiques culturelles de l’Ancien Monde et du Nouveau Monde, les Actes nous enseignent sur la transmission de la culture au travers des bibliothèques publiques et développent une réflexion sur le rôle de ces dernières au Québec. Ce forum de réflexions et de partage d’expériences a permis d’identifier les interventions susceptibles d’y favoriser le développement culturel. Ce partage d’expériences favorise et éclaire la place de la bibliothèque publique au Québec, comme institution de transmission de la culture à l’orée du xxie siècle.

La bibliothèque publique est le plus souvent une institution municipale. Parmi toutes les institutions culturelles, c’est la plus répandue et souvent la seule institution culturelle de son milieu. De toutes les institutions culturelles, c’est la seule qui s’adresse à tout le monde, des plus jeunes aux plus âgés, des moins scolarisés aux plus instruits. Elle est un carrefour d’information communautaire et un espace public par excellence. Elle est aussi souvent la mémoire vivante de son milieu. Elle contribue donc à la cohésion sociale et à l’identité culturelle de sa communauté. En plus de ses fonds de livres, de journaux et de périodiques, la bibliothèque publique a ouvert ses portes depuis longtemps au disque CD, au cédérom, à la vidéocassette, au multimédia. Internet y a fait irruption récemment. Plus que tout autre lieu culturel, la bibliothèque publique présente un caractère polymorphe et est un lieu public et convivial idéal pour la tenue d’activités culturelles diverses.

Malgré que la situation des bibliothèques publiques au Québec soit encore loin de ressembler à ce qu’on trouve dans la plupart des provinces canadiennes ou dans maintes villes étatsuniennes, il reste qu’elle a fortement progressé au cours des années 1980 et 1990. Parmi toutes les institutions culturelles, c’est désormais la plus importante. C’est celle qui est la plus intensément fréquentée par ses usagers. Environ un Québécois sur trois y est abonné. Paradoxalement, toutes ces activités de transmission de la culture souffrent d’une relative discrétion. La recherche culturelle est rare à son sujet. Que savons-nous au juste des rapports entre cette institution et ses usagers ? Quelle vision en ont les pouvoirs publics, à Québec, aux niveaux local et régional ? Les chercheurs culturels, d’ici comme ailleurs, se sont très peu intéressés jusqu’à présent à cette institution.

À l’orée du xxie siècle, à l’ère de la mondialisation et de la nouvelle société du savoir, la bibliothèque publique est appelée à jouer un rôle stratégique dans la transmission de la culture et le développement culturel de nos sociétés. Sans ce développement, on peut craindre que celles-ci ne subissent passivement (donc à leur détriment) les effets de la mondialisation et de la société du savoir. D’où l’importance, surtout pour une petite société comme le Québec, d’en étudier les facettes et les enjeux, ne serait-ce que pour lui faire jouer ce rôle stratégique dans le meilleur intérêt de cette société. Comme tout autre milieu, celui des bibliothèques publiques a besoin d’un regard extérieur, d’un éclairage critique. De fait, ce colloque intensifie un dialogue à peine amorcé entre la recherche universitaire et les praticiens de la bibliothèque publique et favorise davantage d’interactions entre les intervenants des bibliothèques publiques et des chercheurs universitaires, au bénéfice d’une plus grande efficacité des bibliothèques publiques comme institutions de transmission de la culture.

Ce colloque comprenait trois volets, qui constituent autant de sujets d’échanges et de débats.

Le rôle de la bibliothèque publique, à l’orée du xxie siècle, pour la transmission de la culture, y compris des aperçus du contexte historique et culturel au sein duquel cette institution s’est développée et fonctionne. On y aborde notamment le déploiement des bibliothèques publiques de 1960 jusqu’à nos jours, à l’heure de l’animation culturelle et de l’irruption d’Internet.

Les pratiques et expériences des bibliothèques publiques comme autant de descriptions et analyses critiques de l’état des lieux, aussi bien du côté des dimensions politiques que des clientèles et des ressources humaines et documentaires. Ainsi, outre les expériences spécifiques de la Bibliothèque Gabrielle-Roy et les initiatives de partenariat élaborées par le Centre Régional du Livre de Bourgogne, sont décrits les effets de la politique de la lecture et du livre, les politiques culturelles municipales locales et régionales au Québec, les relatives faiblesses des bibliothèques publiques à l’heure du numérique.

Les réflexions sur certaines perspectives d’avenir et de rôles à déployer davantage, dans un contexte de mondialisation et de nouvelle société du savoir.

Pour la première fois au Québec, un groupe de chercheurs culturels et d’intervenants du milieu de la bibliothèque publique ont réfléchi ensemble sur le rôle de transmission de la culture de cette institution. Ils ont présenté un bon éventail de l’état des lieux et ont proposé des perspectives d’avenir d’envergure.