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Cet ouvrage collectif a été écrit sous la direction d’Isabelle Vinatier, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Nantes et membre de l’équipe de recherche du Centre de recherche en éducation de Nantes (CREN) et de l’Observation des pratiques enseignantes (OPEN), et de Marguerite Altet, professeure des universités en sciences de l’éducation et responsable d’un axe du CREN et du réseau OPEN.

Les deux auteures proposent de réfléchir à la question Comment analyser et comprendre, dans la pratique enseignante, la complexité des processus interactifs enseignement-apprentissage en situation ? Plus précisément, elles ont invité neuf chercheurs en éducation à faire l’analyse d’une même séance selon leur objet d’étude : didactique, épistémologie, psychopédagogie, psychologie, sociologie et linguistique. Chaque chercheur de l’équipe a analysé un débat sur la nutrition humaine menée dans une classe de CM1-CM2. Cette séance dirigée par un enseignant, qui est aussi maître formateur, prenait la forme d’un débat scientifique sur la question À quoi ça sert de manger ?

Dans l’introduction, Vinatier et Altet mettent la table en faisant un bref historique de l’évolution des travaux qui ont porté sur les pratiques enseignantes, d’abord par le paradigme processus-produit, suivi du paradigme cognitiviste et du paradigme écologique, et enfin, par le paradigme interactionniste et intégrateur où, pour comprendre la pratique enseignante, on étudie les variables concernant l’enseignant, l’élève et la situation. Dans le cadre de cet ouvrage, l’ensemble des contributions s’appuie sur le dernier paradigme.

L’ouvrage se divise en quatre chapitres. Le premier chapitre est constitué d’articles explicitant et analysant le déroulement de la séance sous différents angles. Orange présente d’abord le déroulement de la séance et l’analyse d’un point de vue didactique, Altet analyse la dynamique des interactions entre l’enseignant et les élèves lors de la séance et Morin s’intéresse au croisement des observations faites en classe et de l’entretien réalisé avec l’enseignant.

Le deuxième chapitre porte sur la méthodologie entourant l’exercice de l’analyse plurielle. Vinatier montre la possibilité de coproduire des connaissances lors d’un entretien co-explicatif entre chercheur et enseignant, Specogna et Caens-Martin croisent l’analyse de l’activité d’enseignement du chercheur avec les informations recueillies lors de l’entretien co-explicatif réalisé avec l’enseignant, et Pérez-Roux réalise un entretien avec l’enseignant qui occupe alors à ce moment une nouvelle fonction de conseiller pédagogique.

Le troisième chapitre présente l’analyse de l’enseignant en ce qui concerne ses gestes professionnels et ses conduites d’interaction. Hersant s’intéresse aux types d’actions qui semblent des enjeux didactiques forts pour l’enseignant lors du débat, tandis que Perraudeau se questionne sur le rôle de l’enseignant comme tuteur ou médiateur au cours de la séance.

Enfin, le quatrième chapitre se veut une synthèse qui porte sur l’analyse plurielle des différents chercheurs. L’ouvrage se conclut par le point de vue éclairé et critique de Vergnaud, directeur de recherche au CNRS.

En guise de conclusion, ce livre s’adresse aux chercheurs et aux praticiens qui s’intéressent à la pratique enseignante selon différentes approches disciplinaires et qui s’interrogent sur le processus d’enseignement-apprentissage où interagissent enseignant, élèves et situation.