Recensions

Behrens, M. (2007). La qualité en éducation. Pour réfléchir à la formation de demain. Québec, Québec : Presses de l’Université du Québec.[Notice]

  • Marthe Hurteau

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  • Marthe Hurteau
    Université du Québec à Montréal

Après avoir défini le terme qualité en introduction, M. Behrens nous offre, dans son ouvrage, des contributions qui traitent de la thématique selon une perspective micro (évaluation des apprentissages, du curriculum et des dispositifs d’enseignement) et une perspective macro (le pilotage-monitoring des systèmes éducatifs et l’assurance qualité dans les établissements). Il termine sur la qualité dans le cadre de la formation continue, et il faut avouer que la cohérence de ce développement par rapport aux autres apparaît moins évidente. Cet ouvrage m’avait été présenté comme traitant de l’assurance qualité, mais je dois reconnaître que tel n’est pas le cas, sauf pour les chapitres spécifiques de Duru-Bellat et Strittmatter. Il ne traite pas non plus vraiment de la qualité puisque, dans deux chapitres sur six (Allal et Paquay), soit le tiers, Behrens reconnaît lui-même que les auteurs ont utilisé cette tribune qui leur était offerte pour nous entretenir de leurs intérêts propres (p. 8 et 9). L’ouvrage regroupe donc des contributions qui prennent principalement la forme de réflexions et non de modalités opérationnelles. De plus, il est foncièrement à teneur européenne avec très peu de références nord-américaines. Une telle publication semble présenter des problèmes majeurs. Au point de départ, la définition que Behrens donne au concept de qualité apparaît peu claire, confuse et, pourrions-nous dire, erronée ? À titre d’exemple, il mentionne en page 12 : […] la qualité se confond avec l’évaluation. Or, dans leur article On discerning quality in evaluation, Stake et Schwandt (2006) établissent clairement que l’évaluation consiste à porter un jugement sur la qualité d’un objet qui peut prendre diverses formes. De plus, les références ne sont pas récentes, presque exclusivement francophones, alors que les écrits scientifiques anglo-saxons portant sur l’assurance qualité, le pilotage-monitoring, etc., foisonnent. À quelles fins pourrait-il être utilisé ? Malgré son titre, il ne peut s’avérer utile pour nos professionnels dans les établissements éducatifs aux prises avec des démarches d’assurance qualité et qui sont en mal de références francophones qui pourraient les outiller. Pour avoir donné de la formation sur l’assurance qualité, nous pouvons affirmer que l’ouvrage ne peut répondre à leurs besoins. Il ne peut non plus être utile dans nos enseignements universitaires (évaluation des apprentissages et de programme) parce qu’il fait abstraction d’un volet important de la littérature anglo-saxonne et qu’il adopte une orientation trop axée sur la réflexion. Finalement, il peut s’adresser à un lecteur averti qui serait intéressé à lire selon le point de vue européen en la matière ou à un étudiant qui veut effectuer une revue exhaustive des écrits dans un domaine. Bref, son public cible s’avère assez limité. En résumé, le livre fait ressortir l’immense clivage culturel entre les deux continents. Nous sommes et demeurons des américains qui parlons français et, dans ce sens, il est parfois difficile de trouver des points d’ancrage avec nos collègues, au-delà de toute la considération et l’affection que nous pouvons leur porter.