Recensions

Chang, Y. (2009). Famille et identité dans le roman québécois du xxe siècle. Sillery, Québec : Les éditions du Septentrion[Notice]

  • Gilberte Février

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  • Gilberte Février
    Université du Québec à Montréal

Publié aux Éditions du Septentrion, cet intéressant ouvrage de 262 pages, préfacé par le professeur retraité Maximilien Laroche, de l’Université Laval, se compose de quatre chapitres précédés d’une mise en contexte et suivis d’un bilan. En annexe, nous trouvons cinq fiches biographiques d’auteurs de romans dont l’auteur propose une analyse. Qui sont les Québécois et les Québécoises ? D’où sont-ils venus ? Que sont-ils devenus au cours du XXe siècle ? Telles sont les principales et ambitieuses interrogations du sociologue Yuho Chang dès les premières lignes de l’ouvrage. Son statut de migrant, croit-il, lui confère le droit de poser ces questions philosophiques, légitimes, mais aussi très délicates d’un point de vue politique et littéraire. En vrai sociologue, le professeur Chang choisit comme angle d’attaque la famille, point de départ d’une société et lieu de socialisation, donc d’acquisition de l’identité culturelle (p. 15) pour asseoir sa recherche basée sur des données fournies par l’histoire de huit familles québécoises mises en scènes dans les romans qui suivent : Trente arpents, de Ringuet (1938) ; Le Survenant et Marie-Didace, de Germaine Guèvremont (1945 ; 1947) ; Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy (1977) ; Les Plouffe, de Roger Lemelin (1954) ; Le Cabochon, d’André Major (1980) ; Maryse, de Francine Noël (1983) ; Myriam première, de Francine Noël (1987). Les quatre chapitres de l’ouvrage, qui ont en moyenne plus de quarante pages chacun, présentent une étude de la société québécoise et montrent le poids de l’église ou du divin sur les paysans, les ouvriers ou des Québécois de la classe moyenne du milieu du XXe siècle jusqu’aux années 1980 à partir de deux romans représentatifs de chaque époque. À une différence près, l’auteur présente les mêmes paramètres d’un chapitre à l’autre si bien que le lecteur s’y retrouve ; cependant, on peut déplorer un certain effet de monotonie. Les familles des premiers romans analysés étaient traditionnelles et vivaient dans des structures fermées (père, mère et enfants). L’Église catholique et le divin exerçaient un rôle important dans la construction identitaire québécoise. À l’opposé, dans les deux derniers chapitres, comme chacun sait, le phénomène religieux et son impact sur l’identité culturelle québécoise s’amenuisent peu à peu pour finir par disparaître dans les années 1980, tandis que la famille au sens traditionnel se disloque. Nous saluons la problématique bien documentée de l’ouvrage. Nous pouvons, toutefois, regretter que le contexte socioéconomique présenté pour chaque époque ne soit appuyé que par quelques références, souvent les mêmes. Quoi qu’il en soit, cet ouvrage saura intéresser tout le monde, spécialiste ou non de la littérature ; les étudiants et les professeurs en études littéraires y trouveront matière à réflexion et pourraient s’y appuyer pour réfléchir à l’écart qui existe entre le roman, fiction originale, et la société qui l’a vu naître.