Recensions

Veillard, L. et Tiberghien, A. (2013). ViSA. Instrumentation de la recherche en éducation. Paris, France : Éditions de la Maison des sciences de l’homme[Notice]

  • Karine Paquette-Côté

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  • Karine Paquette-Côté
    Université du Québec à Montréal
    TÉLUQ

Cet ouvrage a été publié à la suite du séminaire Vidéos de Situations d’enseignement et d’apprentissage (ViSA), tenu en 2006 à l’École normale supérieure de lettres et sciences humaines de Lyon. Des chercheurs y ont cerné des questions théoriques et méthodologiques liées à l’utilisation d’enregistrements vidéo en recherche, rassemblées dans ce collectif de sept chapitres. Les trois premiers, qui constituent les deux tiers de l’ouvrage, présentent trois courants de recherche favorables à l’utilisation de l’enregistrement vidéo : la théorie de l’action conjointe en didactique, l’analyse du cours d’action et le raffinement progressif des hypothèses. Le quatrième chapitre traite de la méthodologie d’analyse de données empiriques secondaires d’une recherche utilisant des données extraites d’un fonds documentaire du Centre d’observation et de recherche sur l’enseignement des mathématiques (COREM) de Talence, en France. Le cinquième traite de façon plus transversale de différentes méthodes et techniques de constitution et d’analyse de données vidéo dans la recherche en éducation. Le sixième présente le cas de l’instrument de recherche Vidéos de situations d’enseignement et d’apprentissage et les objectifs poursuivis par la communauté pluridisciplinaire qui y est associée. Enfin, le dernier chapitre introduit la stratégie de la métacommunication et le concept d’objet-frontière qui facilitent la collaboration interdisciplinaire. L’écriture soutenue des auteurs destine résolument l’ouvrage à un lectorat scientifique averti. Les fondements épistémologiques d’approches de recherche faisant usage de données vidéo y sont amplement abordés, parsemés de conseils pratiques et d’exemples concrets. Des stratégies d’analyse spécifiques y sont décrites telles que la mise en intrigue (Sensevy, p. 48-56), le visionnage commenté par les agents de leur propre action (Sensevy, p. 80) ou l’autoconfrontation (Leblanc, Ria et Veyrunes ; Veillard, p. 182-184). Les auteurs fournissent des stratégies d’interprétation, dont celle qui consiste à resituer l’inscription culturelle de l’activité et sa dimension collective (Leblanc, Ria et Veyrunes, p. 97), et décrivent différents niveaux d’analyse (Leblanc, Ria et Veyrunes, p. 106-108). Bien que présentes, les technicités ne constituent pas l’intérêt central de cet ouvrage. On y retrouvera la description des niveaux d’échelles et de la durée (Sensevy, p. 66-75) et différents dispositifs d’enregistrement (Veillard). L’ouvrage recèle des analyses conceptuelles, dont celle de Sensevy (p. 11-17) sur le digital et l’analogique, ainsi que des applications d’outils méthodologiques : par exemple, la description très élaborée du tableau synoptique (Sensevy, p. 40-48), un exemple de tableau descriptif de séquences vidéo créé pour l’analyse ou flow-chart (Veillard, p. 207-209), des tableaux à double entrée observations/autoconfrontation (Leblanc, Ria et Veyrunes, p. 113-116), le carnet de bord des contenus d’enregistrement vidéo (Engle, Conant et Greeno, p. 146), des logiciels (Veillard, p. 218-223), etc. Cependant, il est à la fois surprenant et regrettable de n’y retrouver que quelques pages (p. 110-113, 238-243) traitant des aspects éthiques et déontologiques entourant l’usage de données vidéo en situation d’enseignement. Quoi qu’il en soit, ce type d’ouvrage spécialisé est une rareté en langue française et celui-ci devrait certainement faire partie du corpus de références méthodologiques de tout chercheur en éducation.