Dossier

Le sujet féminin : de l’intime à la mémoire[Notice]

  • Janet M. Paterson et
  • Nathalie Watteyne

…plus d’informations

  • Janet M. Paterson
    Université de Toronto

  • Nathalie Watteyne
    Université de Sherbrooke

L’importance de Louise Dupré dans le champ littéraire québécois contemporain n’est plus à démontrer. Poète, romancière, essayiste et professeure au Département d’études littéraires de l’UQAM, elle a enseigné la littérature québécoise et la création littéraire de 1988 à 2008. Membre de l’Académie des lettres du Québec et de la Société royale du Canada, elle a cumulé plusieurs prix et distinctions, depuis le prix Alfred-DesRochers qu’elle a obtenu en 1984 pour son premier recueil de poèmes, La peau familière. Elle a remporté le Grand Prix du Festival international de poésie de Trois-Rivières en 1993 pour le recueil Noir déjà, le prix Ringuet de l’Académie des lettres du Québec en 1997 pour le roman La memoria et le deuxième Grand Prix de poésie Radio-Canada en 1997 pour le recueil Tout près. Plus récemment, le spectacle Tout comme elle s’est vu décerner le Prix de la critique pour la saison 2005-2006 par l’Association québécoise des critiques de théâtre, à Montréal. Qui plus est, l’écrivaine a participé à de multiples événements publics et à des rencontres internationales où elle s’est interrogée tant sur l’inscription du féminin que sur les voies de l’intime dans la littérature québécoise. Livrant avec pudeur un ardent désir de tendresse dans un monde par moments tragique, Louise Dupré a beaucoup écrit et dans des genres littéraires variés : neuf recueils de poésie, deux romans, deux textes pour le théâtre, un recueil de nouvelles, un essai individuel et deux essais collectifs, des livres d’artistes, des poèmes-affiches, des anthologies, sans oublier les directions de dossiers publiés dans des revues. Elle a fait paraître une centaine de textes de création, tant au Québec qu’à l’étranger, traduits dans huit langues. Elle-même a traduit de l’anglais des textes de création d’auteures comme Ann Diamond et Susan Glickman. Elle a fait paraître plus de soixante-quinze articles et comptes rendus dans les revues et journaux, notamment dans La Nouvelle Barre du jour, une revue à laquelle elle a souvent collaboré entre 1978 et 1989. Mais c’est au sein du comité de lecture des Éditions du remue-ménage qu’elle s’est surtout engagée, maison où sont parus la pièce de théâtre collective Si Cendrillon pouvait mourir ! en 1980, trois recueils de poèmes, soit La peau familière en 1983, Chambres en 1986 et Bonheur en 1988, et deux essais, dont Stratégies du vertige, trois poètes : Nicole Brossard, Madeleine Gagnon, France Théoret en 1989. Très commentée, l’oeuvre a fait l’objet d’une monographie , d’une thèse de doctorat et de quatre mémoires de maîtrise. On ne compte plus les recensions, entretiens et portraits dans les journaux, et les articles de fond dans des revues universitaires. Outre ses textes de création, qui s’adressent à divers publics, les essais sur l’écriture des femmes, la réflexion sur le Montréal des écrivains et sur les ateliers de création intéressent les critiques. Forte de sa conscience historique et de sa connaissance de l’écriture des femmes au Québec, Louise Dupré n’a eu de cesse, depuis la création collective de sa première pièce de théâtre, représentée à l’occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 mars 1975, et la publication de son premier article sur « L’urgence d’une critique féministe » en 1979, d’interroger, au théâtre, en poésie comme en prose, l’ancrage dans le réel d’un sujet féminin. S’intéressant aux poètes des années 1920 et 1930, et plus particulièrement à Simone Routier, poète de l’intime à laquelle elle consacre une anthologie en 2005 , ainsi qu’à la génération plus engagée et militante des années 1970, celle des Nicole Brossard, Madeleine Gagnon et France Théoret, Louise Dupré a également placé le féminin au centre …

Parties annexes