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Toutes les agences d’aide internationale s’intéressent à la performance et aux retombées de leurs programmes dans les pays en voie de développement. En outre, dans un contexte de transformation des économies et des institutions du Tiers-Monde et de l’émergence de nouveaux problèmes de développement, plusieurs organismes d’assistance étrangère subissent de fortes pressions pour ajuster leurs politiques et leurs programmes aux besoins d’un monde en profonde mutation. Le volume vient donc à point nommé alimenter un débat concernant les orientations de l’aide internationale au développement.

Les auteurs, tous économistes, s’intéressent au processus de décision et au comportement des individus oeuvrant au sein tant des agences d’exécution que des organisations des pays bénéficiaires de l’aide étrangère. Les auteurs cherchent à répondre à trois questions : comment les problèmes d’information affectent la performance des organisations dans le processus de gestion de l’aide étrangère ; comment ces problèmes d’information influencent le comportement des agences d’exécution ; et comment certains de ces problèmes peuvent être résolus par une transformation institutionnelle des agences d’aide internationale. L’objectif du volume consiste à démontrer que les intérêts et contraintes de chacun des participants au programme d’aide internationale varient considérablement et que l’efficacité des programmes d’aide repose davantage sur les encouragements institutionnels.

Dans le premier chapitre, Marten présente les fondements et définitions des théories d’économie institutionnelle et une revue de la littérature sur l’analyse économique des administrations publiques. Il démontre que les agences d’aide étrangère sont marquées par une multitude de décideurs et d’objectifs et une forte tendance vers l’implantation de réformes institutionnelles à l’étranger. Il suggère que le fonctionnement des programmes d’aide est fondé sur l’éloignement géographique et politique entre pays donateurs et pays récipiendaires. Cette situation entraîne une césure dans le flot d’informations qui affecte la performance et l’évaluation de l’aide internationale.

Seabright quant à lui, examine la performance des intérêts particuliers dans le comportement des individus au sein des agences d’aide. Il développe un modèle qui lui permet d’analyser les obstacles reliés à l’inadéquation de l’information entre les différents intervenants dans la chaîne d’organisation ainsi que les problèmes inhérents à l’existence de plusieurs décideurs ayant des objectifs différents. Son modèle suggère l’émergence de nouvelles tendances dans les processus de décision des agences d’aide internationale vers l’évaluation des intrants plutôt que des extrants qui sont plus difficiles à mesurer.

Dans un troisième chapitre, Murrell développe un modèle d’analyse des intérêts particuliers dans les relations entre donateurs, contractuels et récipiendaires. Son modèle s’intéresse aux problèmes que posent les programmes d’aide reliés à l’implantation de réformes institutionnelles. Considérant les limites inhérentes aux contrats entre participants, l’auteur propose un modèle d’équilibre entre participants qui tient compte à la fois des ententes contractuelles, des intérêts des différents partenaires et des différents types de réformes. Mummert enquête sur l’impact de l’adoption de réformes institutionnelles financées par l’aide internationale dans les pays en voie de développement. Il présente un modèle qui examine les conflits potentiels que les normes sociales peuvent créer, si les réformes introduites ne sont pas basées sur les structures sociales existantes des pays récipiendaires. La contribution la plus intéressante de son modèle réside dans sa démonstration des limites à l’implantation des réformes de l’économie de marché dans les pays en voie de développement.

Au chapitre 5, Marten s’intéresse aux processus d’évaluation conjointe de la performance des agences d’exécution et des objectifs des agences d’aide internationale. Il propose un modèle d’analyse des principaux impacts des programmes d’évaluation au sein des processus démocratiques. Pour l’auteur, les processus d’évaluation sont souvent manipulés tant par les agences responsables de la distribution de l’aide internationale que par les organismes responsables de gérer et d’implanter les programmes d’aide. Les résultats des programmes d’évaluation surviennent trop tard dans le processus d’aide internationale. Conséquemment, ils ne servent souvent qu’à améliorer l’élaboration de nouveaux projets.

En conclusion, le volume présente une série de politiques applicables aux différentes organisations d’aide étrangère. Les auteurs suggèrent que la principale solution à l’amélioration de la performance des programmes d’aide réside dans la transformation des structures institutionnelles des agences d’aide internationale.

Ce livre s’intéresse aux intérêts et aux contraintes qui guident le comportement des individus et des organisations impliqués dans les programmes d’aide étrangère. Le volume s’adresse principalement à des spécialistes oeuvrant dans l’évaluation de l’aide internationale. Alors que les études traditionnelles s’orientent davantage sur les politiques et les institutions des pays récipiendaires, cet ouvrage examine plutôt le transfert d’information dans la chaîne d’organisations impliquées dans la gestion de l’aide étrangère. Malheureusement le livre ne prouve rien. Tous les chapitres sont fondés sur l’élaboration de modèles inspirés des théories de structures organisationnelles et des méthodes d’analyse économique institutionnelle. Le volume ne présente aucune donnée, ni aucune étude de cas qui auraient pu étayer certains des modèles proposés. Bien que les auteurs présentent une démonstration théorique des contraintes inhérentes à la performance des programmes d’aide étrangère, ils auraient gagné en crédibilité si les modèles proposés avaient fait l’objet de tests empiriques. Tel que présentée, l’analyse économique et institutionnelle de l’aide internationale reste à faire.