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Il est finalement assez difficile de faire la recension d’un ouvrage d’introduction comme celui que nous proposent Elizabeth Bomberg et Alexander Stubb sur le fonctionnement de l’Union européenne. Évidemment, on ne peut le juger en fonction de sa contribution aux connaissances. Il est également difficile de situer l’ouvrage dans la littérature existante. La meilleure façon de l’analyser est de le comparer aux autres manuels existants et en fonction des besoins de jeunes étudiants et de leur professeur.

Le livre est divisé en quatre parties et compte plusieurs collaborateurs de haut niveau comme Helen Wallace ou encore Michael E. Smith. La première partie intitulée « Background » est composée de deux chapitres. Le premier chapitre introductif écrit par E. Bomberg et A. Stubb est particulièrement bien fait. Les auteurs nous présentent les débats théoriques sur l’intégration européenne et insistent non pas sur l’aspect des différentes théories, mais sur leur logique complétive. Le second chapitre nous propose une histoire très condensée des cinquante dernières années de l’Union européenne.

La seconde partie du livre porte sur les « Major Actors ». Elle est divisée en trois chapitres : les institutions de l’Union européenne, les États membres et les groupes d’intérêts et l’Union européenne. Si le chapitre sur les institutions européennes est plutôt réussi, le chapitre sur les États membres est plutôt décevant. On aurait apprécié avoir un exposé plus complet sur les différentes conceptions nationales de l’intégration européenne entre les différents pays membres, mais également au sein des principaux États. Les auteurs nous présentent une conception beaucoup trop réifiée des conceptions de l’Europe, de son rôle international, de ses finalités et de l’intégration. On met peut-être trop rapidement de côté les divisions au sein des pays, notamment chez les partis politiques qui sont divisés sur de nombreux enjeux concernant l’intégration ou encore l’élargissement. Le chapitre sur les groupes de pression et les groupes d’intérêt est intéressant, mais marginalise trop les acteurs subnationaux comme les régions et les villes.

La troisième partie porte sur les « Policies and Policy-Making ». Cette partie est composée de trois chapitres. Le premier chapitre, qui est très bien fait, porte sur les plus importantes politiques de l’Union comme les politiques commerciales ou le fonds de cohésion. Le second chapitre porte sur les processus pour faire une politique européenne. Les auteurs expliquent les trois différents processus : la méthode communautaire, la méthode coordonnée et la méthode intergouvernementale. C’est par ce chapitre que le livre trouve sa justification. Le dernier chapitre porte sur la gouvernance et la légitimité et fait écho aux questions sur le déficit démocratique.

La dernière partie porte sur les « Current Issues and Trends ». Le premier chapitre, incomplet et décevant, porte sur l’élargissement alors que le dernier chapitre traite de l’Union européenne en tant qu’acteur global. On apprend dans cet article que sur la plupart des questions économiques l’Union parle d’une seule voix alors que sur les questions de défense, beaucoup de chemin reste à faire pour vaincre les « égoïsmes nationaux ». Donnée intéressante, on apprend que le personnel diplomatique de tous les pays de l’Union est composé de 40 000 diplomates et de 15 000 représentations alors qu’aux États-Unis, on compte 15 000 diplomates et 300 représentations (p. 197).

Pour résumer, le livre est bien fait et inclut quelques solides contributions. Il est divisé en quatre parties et dix chapitres et couvre de manière satisfaisante les théories, l’histoire, les principaux acteurs, les politiques et les enjeux actuels et d’avenir.

On aurait cependant aimé retrouver dans ce livre quelques autres chapitres sur les différentes théories de l’Union européenne. Un ou deux chapitres sur l’histoire, considérant qu’il s’agit d’un livre d’introduction, auraient été utiles. Un chapitre aurait également pu porter sur une comparaison avec les autres blocs régionaux comme l’alena. La déficience des étudiants européens sur ce sujet est évidente. Finalement, on aurait dû présenter un chapitre sur les régions et les villes et l’intégration européenne, car l’Europe est aujourd’hui un important contributeur de fonds pour les régions. Alors qu’en 1975, 1,2 % du budget de la Communauté économique européenne était consacré à l’aide régionale, cette somme est pour la période 2000-2006 de 195 milliards d’euros, ce qui représente plus d’un tiers du budget de l’Union.

En somme, le livre de Bomberg et Stubb est bien conçu. Facile à lire, le manuel contient une chronologie de l’intégration européenne, un glossaire, une assez longue bibliographie de livres en anglais sur l’Union européenne et un index. Ce livre se démarque ainsi assez facilement des manuels en français sur le domaine qui sont rarement aussi complets.

Pour conclure, le principal défaut du livre en ce qui concerne un public francophone, est d’être en anglais. De très bons livres d’introduction existent en français et souvent à moindre coût. On pense, entre autres, au livre de Robert Toulemon (La construction européenne) ou à celui de Jean-Louis Quermonne (Le système politique de l’Union européenne).