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S’il devait être utilisé comme unique ouvrage dans un cours d’introduction sur les organisations internationales, ce livre n’obtiendrait pas la note de passage. En tant que manuel d’appoint à un ouvrage plus intéressant dans le contexte d’un cours de droit international, il se mériterait tout juste une note satisfaisante, surtout si l’on tient compte que l’auteur admet présenter son analyse des Nations Unies en grande partie d’une perspective juridique.

Au coeur de cet ouvrage très peu inspirant se trouve la recherche de réponses à des questions touchant le travail pratique des Nations Unies, ainsi qu’une évaluation de la façon dont ces opérations cadrent avec les valeurs onusiennes. Le terme conceptuel clé est « système », utilisé ici pour signifier une institution qui incarne et édicte le cérémonial de la gouvernance mondiale. Le terme est vu comme distinct des « systèmes » multiples et non coordonnés, ainsi que de l’ensemble de possibilités de conférences et autres activités également non coordonnées qui sont initiées sous les auspices de ce qui semble être une entité unique. White n’est pas intéressé à savoir si les Nations Unies sont une bonne ou une mauvaise chose, mais vise plutôt à identifier si, et en fin de compte comment, son « ordre juridique florissant » (p. 55) reflète certaines valeurs et peut être entendu comme un système qui exsude le pouvoir et l’autorité. L’auteur signale à juste titre que le veto des membres permanents du Conseil de sécurité est la faille la plus importante des Nations Unies (quoique l’on se demande si l’auteur avait à l’esprit la manière dont le veto a été utilisé avant l’invasion américaine de l’Irak en 2003), fournit des pistes de réflexion utiles sur le rôle des organisations non gouvernementales et de la société civile dans l’activité du système, et explore les efforts de l’organisation relatifs à la mise en oeuvre et à la protection de ses valeurs dans les domaines de la paix et de la sécurité, de la démocratisation, de la justice criminelle internationale, de l’environnement, des droits de la personne et du développement économique. L’ordre des chapitres consacrés à chacun de ces enjeux est par ailleurs instructif, dans la mesure où l’on peut considérer qu’il traduit les valeurs et l’opinion occidentales de l’auteur.

Fait troublant, il y a très peu de discussion sur la vie dans le monde ou le système international avant l’avènement des Nations Unies, ce qui révèle un traitement qui ignore grandement l’Histoire. L’ouvrage ne compte que trois références brèves et disparates à la Société des Nations, et lorsqu’il y réfère pour une première fois, l’auteur omet de la présenter et une connaissance de l’organisation est présumée. Ceci laisse donc très peu de place à la comparaison ou à l’enseignement des leçons de l’Histoire. Dans le chapitre de conclusion, on nous laisse avec une affirmation sinistre sur l’éventualité d’un retour en arrière dans l’avenir : « En dépit du fait que le système puisse évoluer et se développer vers une gouvernance de plus en plus importante, il n’y a pas d’inévitabilité dans ce processus. Il est possible qu’il soit renversé, mais il faudrait un effort soutenu de la part des États puissants et qui viserait à dénigrer les Nations Unies, à lui couper tout financement, et finalement à la rejeter » (p. 296).

Même si l’on retrouve une liste d’acronymes de trois pages à la fin du livre, juste avant une longue bibliographie et un index exhaustif, il y manque le texte de la Charte des Nations Unies, tout comme les autres documents importants comme la Déclaration universelle des droits de l’homme. On devrait considérer leur inclusion dans les éditions subséquentes. De même, s’il est destiné aux étudiants de premier cycle universitaire, l’ajout d’une photo, d’une caricature, d’un tableau, d’un graphique, d’une figure ou d’un diagramme (de la structure des Nations Unies et de ses principaux organes, par exemple !) susciterait un intérêt et rendrait la lecture plus intéressante. Le système onusien est-il un sujet si ennuyeux qu’un auteur ou un éditeur ne puisse envisager d’utiliser des images pour améliorer la compréhension ? Est-ce là le problème de l’organisation ? Heureusement, d’autres ouvrages portant sur les Nations Unies démontrent que cela n’est pas le cas.