Corps de l’article

La croissance économique de la Chine et sa montée à la deuxième place dans la structure du pouvoir économique mondial doivent être considérées comme l’événement international le plus important depuis la fin de la guerre froide. L’ouverture économique et les marchés libres, l’intégration dans l’économie mondiale capitaliste et les investissements directs à l’étranger (ide) sont parmi les facteurs qui influent sur ce processus. Le livre analyse le développement économique de la Chine en prenant comme point de départ, précisément, l’adhésion à l’omc. L’ouvrage s’articule autour de trois lignes d’analyse à travers les réflexions de différents auteurs : croissance économique et mondialisation ; investissements directs à l’étranger et taux de change ; commerce agricole et demande d’énergie. Il comprend dix chapitres, introduits par les réflexions générales du directeur de l’ouvrage, qui se penche sur les diverses questions constituant les trois axes ma-jeurs qui expliquent la performance économique de la Chine, son impact sur l’économie mondiale et les défis qu’elle devra relever. Il fournit un remarquable arrière-plan d’informations sur l’économie chinoise depuis l’adhésion de la Chine à l’omc.

Parmi les thèmes les plus importants, on trouve l’analyse sur les tendances de la croissance chinoise dans le domaine du commerce international, les changements dans les courants d’échanges et l’implication de l’expansion du commerce chinois pour l’économie mondiale, qui montrent que la croissance rapide de ce commerce depuis 2001 a été fondée principalement sur les exportations de produits intensifs en travail en fonction de ses avantages comparatifs sous-jacents. Les coûts relativement beaucoup plus faibles du travail ont poussé les investissements directs à l’étranger vers le secteur de l’industrie, entre autres.

L’afflux continu et massif d’ide a aidé la Chine à moderniser rapidement sa structure de commerce extérieur. C’est un aspect clé de la grande expansion des exportations chinoises, bien que les auteurs n’aient pas mis l’accent sur ce point. Il est possible que des lacunes statistiques contribuent à l’absence d’informations précises dans ce domaine et dans d’autres, comme on peut le voir par l’analyse, dans le livre, du stock de capital de la Chine.

La faiblesse du système juridique et réglementaire ne fait aucun doute, tant en matière politique et administrative que de transparence, qui sont pourtant des facteurs essentiels dans la promotion de l’expansion des investissements et des affaires. À cet égard, l’omc a imposé des exigences particulières à la Chine. Certains auteurs du livre soutiennent que depuis l’adhésion à l’omc le gouvernement chinois a apporté des changements importants dans la réforme de son système réglementaire et législatif pour se conformer à ces exigences.

D’autres aspects intéressants dans le livre portent sur l’intégration financière, commerciale et économique dans la région Asie-Pacifique. L’adhésion de la Chine à l’omc a conduit très vite à l’augmentation des flux d’ide, même si, du point de vue des finances internationales et de leur relation avec les taux de change, la réévaluation de la monnaie chinoise est demandée par les principaux gouvernements occidentaux. Même de cette manière, le secteur bancaire est également l’un des secteurs les plus dynamiques en matière d’investissements étrangers qui produisent des bénéfices intéressants. Cependant, la réévaluation de la monnaie chinoise (rbm) met en évidence les conflits d’intérêts entre le commerce international et l’économie interne de la Chine, ce qui n’est pas une perspective attrayante pour les Chinois.

Mais le commerce international est le grand sujet d’intérêt économique quand on analyse l’économie mondiale et le rôle de la Chine. Cela exprime mieux que tout ses excellentes performances. La Chine est profondément intégrée dans l’économie mondiale, mais elle l’est beaucoup plus dans la zone de libre-échange d’Asie-Pacifique-Chine (acfta). Les données rapportées dans le livre montrent comment la Chine est devenue un importateur de produits alimentaires en provenance de cette région, notamment de céréales, ce qui contribue à un modèle de spécialisation dans la région.

Depuis 2001, le volume total des échanges chinois de céréales a considérablement augmenté, avec une progression des importations nettes. Si l’on peut y voir des effets positifs sur le développement économique des deux côtés, cela contribue à l’établissement d’un régime de spécialisation, de la même manière qu’on peut le constater dans d’autres régions du monde en développement, surtout en Amérique latine.

Le dernier sujet, peut-être structurellement le plus important, est celui de l’énergie. Certains auteurs chinois qui ont récemment publié des livres en Europe, comme Li Xing et Li Minqi, ont indiqué que la fragilité de la Chine dans ce secteur va l’empêcher de devenir le successeur de la puissance hégémonique économique américaine. Ici, les chercheurs chinois qui s’occupent de la demande énergétique de la Chine, par rapport à la demande mondiale, constatent qu’en comparaison avec la demande mondiale courante un pays qui se trouve simultanément à différents stades de développement économique se distin-gue aussi par l’existence de différents niveaux de demande de consommation d’énergie. Cette situation expliquerait, par exemple, l’essor récent de la Chine et de l’Inde par une demande toujours croissante de produits énergétiques, qui laisse prévoir un cycle prolongé de forte demande énergétique mondiale. Toutefois, l’attention doit être concentrée sur la relation entre la demande, la production d’énergie et la productivité de l’énergie, et, dans ce sens, la situation en Chine, bien que les auteurs ne le signalent pas dans ce livre, présente des retards importants.

Divers auteurs suggèrent que la Chine devrait prendre des mesures et poursuivre des politiques dans les différents domaines traités dans le livre, si elle veut obtenir des avantages plus substantiels en tant qu’économie majeure en ascension dans le système économique mondial. Parmi les mesures principales, il y aurait la dévaluation de la monnaie. La Chine a peu d’autres choix que celui de revenir à une croissance plus équilibrée en faveur de la consommation intérieure. Si elle a fait des progrès majeurs en matière de transparence depuis qu’elle a accédé à l’omc, la Chine doit promouvoir une gouvernance encore plus ouverte et transparente.

Beaucoup de commentaires sur l’économie chinoise se concentrent sur des analyses statistiques allant jusqu’en 2007. Alors que cette date limite le temps d’observation, elle n’en permet pas moins de tirer des conclusions qui peuvent être utilisées pour comparer ces données avec celles d’analyses futures, et de présenter des données chiffrées qui illustrent les progrès accomplis au cours de la période analysée.