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Ceux qui s’intéressent à la géomorphologie éolienne en milieu littoral ne manqueront pas de consulter cette intéressante publication concernant une côte lointaine, particulièrement bien connue du premier auteur, qui y a jadis consacré une volumineuse thèse de doctorat d’état (Paskoff, 1970).

De la catégorie des atlas, l’ouvrage contient environ un tiers de texte ; le reste comprend des figures au trait, des extraits de cartes topographiques en couleurs, des photographies aériennes verticales en noir et blanc, des photos obliques en couleurs, ainsi que de nombreuses photographies au sol d’excellente qualité. Même ceux qui ne maîtrisent pas l’espagnol peuvent facilement en tirer profit.

La région côtière couverte s’étend du 31 au 41e degrés de latitude sud ; les principaux sites dunaires sont plutôt concentrés dans le secteur central de la longue côte chilienne, caractérisée par de petites baies ou des anses avec d’étroits lambeaux de plaine côtière propices à la formation des dunes. Après un premier chapitre de portée générale où il est question des formes et de la genèse des dunes littorales, les auteurs divisent la côte en sept sous-régions qu’ils décrivent brièvement et caractérisent. La côte chilienne regroupe la plupart des types de dunes connus : antidunes ou dunes embryonnaires, dunes transversales, paraboliques et longitudinales, barcanes, dunes reliques et résiduelles.

Si la majorité des sites sont localisés derrière des secteurs de plages, d’autres s’étendent plus à l’intérieur des terres, et quelques-uns grimpent même à l’assaut des versants de la Cordillière côtière situés à proximité, comme dans la région de Copiapó, en particulier dans le Cerro Chamonate.

Bien que plus modestes par la taille et la superficie que les formations éoliennes du Sahara, certains édifices éoliens atteignent néanmoins plusieurs dizaines de mètres de hauteur.

L’ouvrage contient aussi quelques données sur la granulométrie et la composition lithologique du sable ; quelques photographies illustrent la structure interne d’édifices dunaires, alors que les figures 15 et 20 présentent des profils longitudinaux de complexes éoliens littoraux.

Intitulé « L’homme et les dunes », le dernier chapitre souligne comment les Chiliens interviennent pour contrer l’activité éolienne naturelle, souvent envahissante dans les régions habitées. La fixation des dunes par la végétation demeure une intervention élémentaire qui permet ensuite de réaliser l’aménagement de certains secteurs. La photographie 62, par exemple, illustre un vaste complexe immobilier en escalier édifié sur le front d’une haute dune holocène. Le tout est en harmonie avec le relief. La photographie 64 montre, pour sa part, un complexe touristique comportant un terrain de tennis et un plan d’eau situés derrière le cordon dunaire littoral, à Santo Domingo. On souligne aussi la dégradation de certains milieux attribuable aux activités humaines. À l’instar de la situation aux Îles-de-la-Madeleine, les véhicules tout-terrain causent des dommages importants aux dunes, engendrant la réactivation et l’érosion. Comme chez nous et ailleurs, la protection des milieux naturels fragiles ne semble pas concerner les mordus des balades en VTT…

Ce petit recueil, agréable à regarder et facile à consulter, donne un excellent aperçu d’un aspect de la longue côte chilienne exposée à la houle et aux vents violents du Pacifique. Bonne lecture aux intéressés.