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« Il s’agit ici du deuxième tome de ce qui sera l’édition critique complète de la Correspondance générale de Louis-Hippolyte La Fontaine », lit-on au verso de la couverture. Ce n’est malheureusement pas le cas et il y a lieu de déplorer qu’on puisse ainsi abuser d’une publicité trompeuse qui risque de décevoir tout utilisateur le moindrement familier avec les exigences méthodologiques d’une véritable édition critique. Loin de s’y conformer, les deux éditeurs responsables, Georges Aubin et Renée Blanchet, se sont contentés d’une simple présentation chronologique de cette correspondance en l’accompagnant de sommaires et occasionnelles annotations.

Le peu de renseignements que nous apporte un court avant-propos de quelques pages en guise d’introduction ne facilite nullement la tâche du chercheur curieux de connaître le contenu d’une correspondance étalée sur une période de près de vingt ans. L’intitulé Au Nom de la loi constitue le seul fil conducteur susceptible de guider le lecteur sur les traces d’un homme qui « préfère... [son] beau rôle d’avocat à celui de politique ». Sans l’aide d’un inventaire thématique des sujets abordés ou traités avec les correspondants, il faudra faire preuve de patience et de détermination pour passer au travers d’un amas de centaines de lettres afin d’y repérer quelques pistes de recherche. L’unique outil de repérage se limite à un index onomastique.

De cette entreprise éditoriale bâclée, il ressort une note positive pour le remarquable travail de traduction réalisé par le très consciencieux Michel de Lorimier. La tâche était d’autant plus lourde que La Fontaine a dû rédiger une large part de sa correspondance en anglais. En effet, ce célèbre personnage politique canadien-français, tout en revendiquant la reconnaissance statutaire de sa langue maternelle, n’eut d’autre choix que d’utiliser, avec ses correspondants anglophones, la seule langue officielle décrétée par le Parlement impérial en vertu de l’Acte d’Union des deux Canadas.