Corps de l’article

Pour les chercheurs du domaine, l’entrepreneuriat est un concept incluant, souvent implicitement, plusieurs types d’activités pouvant aller de l’identification d’opportunités à la création ou reprise d’une entreprise, ou à la mise en oeuvre d’un projet à valeur ajoutée et ce, indépendamment des types, de la taille ou des formes d’organisations (Julien et Cadieux, 2010). C’est donc dans cette logique, qui se veut « holistique », que Christophe Schmitt et Pascal Lièvre proposent un ouvrage collectif intitulé Nouvelles perspectives en entrepreneuriat, puisque pour eux, parler des pratiques entrepreneuriales concerne tous ceux qui posent des gestes quotidiens pouvant être considérés d’une telle nature.

Au chapitre de la forme, l’ouvrage est organisé autour de 10 chapitres dans lesquels se sont investis 18 auteurs s’intéressant à des sujets liés à l’entrepreneuriat sous différentes formes ou perspectives. Brièvement, dans les trois premiers chapitres nous trouvons dans l’ordre, un texte de Michel Marchesnay qui propose une réflexion sur l’applicabilité des « bonnes pratiques » managériales et entrepreneuriales des chefs de PME, nous précisant au passage certaines contradictions des dites pratiques. Un second texte rédigé par Fabien Coutarel lequel aborde la possibilité de faire de la recherche en entrepreneuriat par le biais de l’ergonomie de l’activité ou des pratiques dites entrepreneuriales. Alors que le chapitre de Jean-Louis Magakian s’intéresse à l’activité d’idéation de l’entrepreneur dans ses activités de recherche d’opportunités, cette fois, par le biais du langage ou de sa dimension communicationnelle. Ce sont deux perspectives originales dans le champ de l’entrepreneuriat, donc de nouvelles pistes de réflexion pour quiconque s’y intéresse.

Dans une autre logique, le quatrième chapitre, rendu par Marc Lecoutre, se concentre sur l’efficacité de certaines pratiques entrepreneuriales dans le pilotage des organisations du secteur de l’enseignement supérieur. Suit un chapitre dans lequel, dans la foulée des travaux de Schuman sur la cognition, Christophe Schmitt et ses collègues abordent les situations entrepreneuriales dans lesquelles est incluse une dimension temporelle pouvant avoir un impact sur ces dernières. Dans les autres chapitres, Ilias Majdouline et ses collègues présentent une étude sur les pratiques entrepreneuriales des ingénieurs marocains ; Rémi Fabbri et Christophe Schmitt discutent des pratiques entrepreneuriales dans des situations de gestion rencontrées dans les administrations publiques ; alors que Pascal Philippart porte un regard différent sur l’accompagnement à l’entrepreneuriat dans une logique juridique. Enfin, dans les deux derniers chapitres, Sophie Bacq et Frank Janssen discutent de l’entrepreneuriat social, un champ de recherche en émergence depuis les dernières années alors que pour sa part Émilie Bargues se questionne sur la dynamique organisationnelle à travers l’intégration de nouveaux collaborateurs et leur capacité à générer des innovations.

S’adressant à tous types de lecteurs, l’objectif principal des directeurs de cet ouvrage est ambitieux, puisqu’il vise à réunir différentes approches entrepreneuriales, a priori, assez disparates. Cela explique, qu’en bout de piste, ces derniers proposent au lecteur de passer de la logique de l’entrepreneur à celle de l’entreprenant, incluant explicitement tous les comportements entrepreneuriaux portés dans tout type d’organisation. Or, malgré de bonnes intentions de départ, cet état d’esprit donne malheureusement au lecteur la perception d’absence d’un fil conducteur clair entre les thèmes discutés dans les chapitres. Pour éviter ce piège, il devra, par conséquent, aborder chaque chapitre de ce volume de manière indépendante pour en retenir le meilleur, en ce qui le concerne. Sans en ressortir aussi gagnant que le souhaitent les directeurs de l’ouvrage, le lecteur saura ainsi s’approprier certaines expériences qui lui rapporteront et, dans la foulée, les transposer dans ses pratiques.