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Ce petit ouvrage, à caractère historique et s’intéressant aux quatre premiers conciles oecuméniques, est de part en part dominé par une question théologique : la communion des Églises ou l’unité de l’Église. À partir d’un dossier historique solide, B.M. essaie de découvrir comment l’Église catholique, au cours des cinq premiers siècles, est parvenue à vivre dans l’unité, en dépit des tensions qui la traversaient, des querelles dogmatiques qui la déchiraient et des différences culturelles importantes qui la marquaient. On le voit, il ne s’agit pas ici d’un traité d’histoire des dogmes trinitaires et christologiques, mais d’une recherche sur la vie en communion des Églises et sur le développement d’institutions (ou d’outils, comme le dira l’auteur) qui permettront cette vie dans la communion malgré les différences si importantes.

En huit courts chapitres, denses et dynamiques, l’auteur nous fait traverser les cinq premiers siècles de la vie de l’Église avant de tirer, dans un chapitre synthèse, un bilan ecclésiologique quant au ministère d’unité des conciles. Le premier aborde la vie de l’Église avant l’invention de cet « outil » de la communion que représenteront bientôt les conciles oecuméniques, une Église qui avait mis en oeuvre des moyens pour assurer son unité : canon, lettres, voyages, symboles, etc. Le deuxième chapitre fait état de la naissance de l’institution conciliaire à travers la tenue de multiples assemblées, d’abord dans les diverses provinces de l’Empire. Le chapitre trois est pour sa part consacré à ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler le premier concile oecuménique, soit celui de Nicée, ce qui conduit immédiatement aux chapitres quatre et cinq consacrés aux assemblées d’évêques post-nicéennes et au concile de Constantinople. Les chapitres six, sept et huit forment une autre unité, le chapitre six étant consacré à Éphèse, le chapitre sept à Éphèse (bis) et le chapitre huit au concile de Chalcédoine.

L’ensemble est très bien documenté, les sources sont abondantes et l’ouvrage présente une très grande cohérence grâce à un fil conducteur clair dont ne se laisse pas distraire l’auteur. À la lecture de ces pages, le lecteur découvrira encore mieux les facteurs non dogmatiques (politiques, culturels, personnels, linguistiques, etc.) qui se mêlent au travail proprement théologique, si bien qu’il sera mieux en mesure de saisir l’importance de s’intéresser à ces facteurs s’il veut travailler de manière fructueuse à l’unité des Églises.