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Le lancement officiel du livre d’hommages au théologien Jean Richard[1], professeur émérite de la Faculté de théologie et de sciences religieuses, a été l’occasion de tenir un colloque d’une journée sur la thématique de la toute-puissance de Dieu. Les articles que l’on retrouve dans le présent dossier sont issus de cette journée.

Monsieur Marc Pelchat, doyen de la Faculté des études supérieures de l’Université Laval, n’a pas hésité à qualifier de « remarquable » la contribution de Jean Richard à la théologie nord-américaine et à la théologie de la culture[2]. Auteur d’un nombre impressionnant de publications (une centaine d’articles ou de chapitres d’ouvrages collectifs), Jean Richard s’est surtout distingué par la qualité et l’originalité de ses recherches. Formé à l’école de saint Thomas, à qui il a consacré son premier article (en 1967, dans le Laval théologique et philosophique)[3], Jean Richard s’est intéressé très tôt dans sa carrière à la théologie de Paul Tillich, dont il a fait l’un de ses objets d’étude privilégiés[4]. Lecteur, commentateur et diffuseur important de la pensée tillichienne, Jean Richard a assuré (avec André Gounelle) la publication de la traduction française en plusieurs volumes des oeuvres de Tillich. Il a également codirigé plusieurs collectifs consacrés à Tillich[5] et a tenu plusieurs séminaires internationaux consacrés aux thèmes et aux problèmes de traduction de ses oeuvres.

La théologie de Jean Richard est traversée par d’autres influences que celle de Tillich. Grand connaisseur des théologies de la sécularisation et des théologies de « la mort de Dieu », des théologies politiques et des théologies de la libération, Jean Richard aura ouvert ses étudiants à de riches horizons de pensée, dont ils n’auraient pas soupçonné l’existence sans lui[6]. Il aura d’ailleurs su, tout au long de sa carrière de professeur, partager et transmettre ses intérêts pour les rapports entre la religion et la culture, la philosophie, la société ; il aura lui-même travaillé à la mise en corrélation du « message » chrétien et de la « situation actuelle », en cela fidèle disciple de Tillich pour qui on doit attendre d’une théologie qu’elle satisfasse deux exigences : « […] exposer la vérité du message chrétien, et interpréter cette vérité pour chaque génération nouvelle[7]. »

Si la question du rapport entre le christianisme et les autres religions a beaucoup intéressé Jean Richard ces dernières années, ayant même été l’occasion d’un débat avec Claude Geffré[8], la thématique de « La toute-puissance de Dieu » reste un fil privilégié pour comprendre et apprécier son itinéraire théologique[9]. C’est donc la thématique qui a été retenue pour le colloque du 16 juin 2004 et pour ce dossier. Nous ne sommes pas sans savoir que nous reprenons, à une lettre près (!), le titre d’un dossier précédent du Laval théologique et philosophique[10]. Que cela soit interprété comme un clin d’oeil à celui qui fut rédacteur du secteur théologique de la Revue pendant plusieurs années et qui n’aura jamais reculé devant le labeur de la réflexion théologique, devant la nécessité de reprendre les mêmes questions d’une autre manière.