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Il est toujours agréable de constater l’intérêt que soulèvent les dialogues platoniciens. Le Ménon et le Phédon ont fait l’objet de tant de traductions, dans les diverses langues modernes, que l’on s’émerveille que les éditeurs continuent à en publier de nouvelles. En quoi la présente publication se distingue-t-elle des autres ? D’abord, par l’accès direct à la traduction, sans études critiques, texte grec ou commentaires. Ensuite, par la renommée des contributeurs, les professeurs Long et Sedley.

Malgré le but avoué de la collection, qui prétend offrir des ouvrages pour les étudiants du baccalauréat (undergraduate) et pour ceux qui ont gradué (postgraduate), ce livre comblera surtout les besoins des débutants. Les étudiants diplômés et les chercheurs n’y trouveront pas les informations et les études complémentaires qu’ils cherchent habituellement dans les éditions scientifiques. Ce n’est pas dire que cette publication n’est pas sérieuse. Tant s’en faut. Mais elle privilégie la lecture du texte au détriment de l’apparat scientifique qui le masque trop souvent. Avant de problématiser un texte avec une introduction touffue et des annotations sans fin, l’étudiant doit commencer par lire, pour elle-même, une bonne traduction des dialogues de Platon. Il aura le loisir, par la suite, de réaliser l’ampleur des difficultés que des siècles d’exégèse ont soulevées contre chaque doctrine.

Le livre s’ouvre sur une courte introduction de vingt-cinq pages, qui résume, plus qu’elle ne commente, l’enchaînement des idées de chaque dialogue. Elle est l’oeuvre de Sedley (révisée par Long). Suit une chronologie trop succincte pour être utile. Vient alors une bibliographie sommaire des principales traductions, éditions et études sur les deux dialogues. Le lecteur aborde enfin les dialogues eux-mêmes, le Ménon puis le Phédon, dont les traductions sont le fruit de Long (révisées par Sedley). Les textes traduits sont ceux de la collection « Oxford Classical Text », dans leurs éditions les plus récentes. Le texte grec n’est pas reproduit. De rares notes en bas de page indiquent les variantes textuelles adoptées et présentent de brèves indications qui visent à guider le lecteur débutant. Un index, dans lequel se côtoient les noms propres et les noms communs, clôt l’ouvrage.

L’introduction ne mérite pas d’être détaillée ici, puisqu’elle consiste essentiellement à résumer la progression des arguments des dialogues. Le spécialiste n’y découvrira rien de nouveau ni de provocateur. La traduction se lit aisément. Elle suit le grec de manière satisfaisante, sans sacrifier la fluidité de l’anglais. Pour les pages que nous avons vérifiées, la traduction est précise et rigoureuse. Le livre dans son ensemble est d’une facture matérielle remarquable. Le travail éditorial a été bien fait et le produit final se vend à un prix raisonnable.

En résumé, l’étudiant débutant ou le lecteur curieux trouvera profit à lire cette contribution de Long et Sedley. Il s’agit d’excellentes traductions, qui permettent d’aborder les textes avec la quantité minimale d’informations nécessaires à l’intelligence des dialogues.