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L’espace identitaire en littérature jeunesse constitue le fil conducteur de ce collectif dirigé par Flore Gervais et Monique Noël-Gaudreault. Cet ouvrage, qui rassemble les textes de dix auteurs, se divise en deux parties. En première partie sont traitées la nature et la fonction des espaces identitaires, alors que les transformations de ces espaces font l’objet de la seconde partie.

L’espace identitaire du personnage est présenté dans sa complexité et sa pluralité. Ainsi, les textes de la première partie amènent le lecteur à mieux saisir la pluralité de celui-ci, de même que l’importance de ses fonctions auprès des jeunes lecteurs. Les propos de Guillemette, Prud’homme et Le Brun posent un regard sur l’espace identitaire du jeune protagoniste à travers sa personnalité, sa construction de même que son appropriation de l’espace dans lequel il évolue. Pour sa part, le texte de Thaler aborde le concept de Home, un terme anglais dont la signification va au-delà du chez soi. Ce concept, plutôt difficile à circonscrire, offre une perspective holistique de l’espace identitaire du personnage, en ce sens qu’il prend en considération ses valeurs, son réseau social, sa compréhension du monde et son environnement, pour ne nommer que quelques aspects. L’étude de romans pour adolescents, écrits dans les années 1980 et 1990 par des auteurs québécois, montre bien l’importance du Home en ce qui a trait à la construction iden- titaire des adolescents dans la littérature écrite à leur intention. Quant au texte de Gouanvic, il s’intéresse aux conséquences de la traduction sur la considéra- tion de l’espace identitaire dans les oeuvres pour la jeunesse. Bien que son propos fasse état de l’analyse d’oeuvres ciblées, ce texte suscite chez le lecteur une réflexion plus générale quant à la problématique de la traduction dans le domaine de la littérature.

Les transformations des espaces identitaires reflétés dans les légendes et les contes sont l’objet des textes de la seconde partie. Il se dégage des analyses comparatives de Sorin, de même que de celles de Noël-Gaudreault et Adant, que la réécriture de certaines légendes à l’intention d’un jeune lectorat peut entraîner des transformations provoquant une rupture avec les caractéristiques du genre initial. Ainsi, les résultats de leurs analyses montrent comment la réinterprétation, par des auteurs contemporains, a transformé certaines légendes québécoises, dont la légende de La chasse-galerie et la légende de Rose Latulipe, en contes pour la jeunesse. Finalement, Gervais et Hinz s’intéressent à la place et au rôle de la musique dans les Contes de Grimm et ceux des Mille et une nuits. Les résultats de leurs analyses révèlent que la dimension musicale des versions originales de ces contes a subi d’importantes modifications lors de leur adaptation pour la jeunesse.

L’originalité et la diversité des regards portés par les auteurs sur l’espace identitaire en littérature jeunesse contribuent à l’intérêt de cet ouvrage. Les textes de ce collectif amènent le lecteur à une compréhension nouvelle, voire plus approfondie et plus riche, des oeuvres présentées. Cependant, compte tenu des différents angles de considération de l’espace identitaire, l’ouvrage aurait pu bénéficier d’une synthèse présentée en conclusion.