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Le présent numéro de Voix et Images porte sur un sujet qui préoccupe de plus en plus de chercheurs : la génétique textuelle sous ses différentes formes. La lente ou fulgurante naissance du texte, ses ébauches, ses différents états, enfin l’ensemble des décisions, des balancements, des ratures de l’auteur, tout cela nous renseigne non seulement sur l’oeuvre en gestation, mais sur le processus scriptural. Après un entretien génétique avec une créatrice contemporaine, Yolande Villemaire, le dossier lève le voile sur le travail de l’écriture sur plusieurs romanciers et romancières classiques — Laure Conan, Félix-Antoine Savard, Gilbert La Roque, Gabrielle Roy, Hubert Aquin — et s’intéresse autant aux variantes entre les éditions publiées — les manuscrits d’Angéline de Montbrun, par exemple, sont perdus — qu’au matériel génétique à proprement parler. Dans la section « Études », Jeannelle Laillou Savona s’intéresse à la transgression des règles gouvernant le genre littéraire et le genre sexuel dans Hier de Nicole Brossard, et Martine-Emmanuelle Lapointe propose une lecture de trois oeuvres de Ying Chen où l’oubli, le silence et la faille font pendant aux grands récits collectifs. Suivent des textes de nos chroniqueurs habituels et de quelques autres, notamment Isaac Bazié qui signe ici une recension pour la chronique « Recherche ». Enfin, la chronique « Féminismes » sera désormais assurée par Lucie Joubert, de l’Université d’Ottawa, bien connue pour ses réalisations dans le domaine des études féministes. Je lui souhaite la plus cordiale bienvenue à la revue.

L’année 2003, on s’en souviendra peut-être, marquait la création du prix Voix et Images, destiné à couronner le meilleur article étudiant paru dans la revue au cours du volume précédent. J’ai le plaisir d’annoncer que le prix est décerné cette année à Marie-Hélène Lemieux pour son article intitulé « Pour une sociocritique du roman Kamouraska d’Anne Hébert », retenu à l’unanimité par un jury international composé de Lucie Robert (UQÀM), qui a agi à titre de présidente, d’André Brochu (Université de Montréal) et de Jaap Lintvelt de l’Université de Groningue (Pays-Bas). Le jury a souligné l’intérêt soutenu du texte, son originalité et la richesse de l’analyse à la fois sociologique et formelle. Je tiens à remercier le jury de son travail et à féliciter Marie-Hélène Lemieux de cette distinction, d’autant que la qualité des textes en lice était grande et que, au moment de la rédaction de l’article, Marie-Hélène Lemieux était encore étudiante de premier cycle à l’UQÀM. En terminant, je rappelle l’engagement de Voix et Images à soutenir la recherche établie, bien sûr, mais aussi la recherche en émergence, si essentielle au renouvellement de la connaissance.