Dans son manuel de macroéconomie, publié en 1982, M. Edmond Malinvaud énonce plusieurs objectifs que, selon lui, toute bonne théorie de la croissance économique doit atteindre, notamment : Cependant, comme Malinvaud a dû le reconnaître en 1982 lors de la parution de son manuel, les théories de la croissance de l’époque ne pouvaient prétendre atteindre aucun de ces objectifs, véritables défis légués aux générations suivantes de théoriciens. Dans cette conférence, nous soutiendrons que l’apparition, au cours des 12 dernières années, d’une nouvelle vague de modèles de croissance – dans lesquels la croissance est induite, non seulement par l’accumulation du capital et l’épargne, mais, plus fondamentalement, par les activités des entrepreneurs ou les innovations, lesquelles sont elles-mêmes stimulées ou facilitées par diverses caractéristiques de l’environnement institutionnel – a radicalement changé la situation, en mettant à notre portée la solution des 3 défis précités. Cette conférence est structurée comme suit : la première section démontre brièvement que les modèles de croissance basés sur l’accumulation du capital ne peuvent pas expliquer, en même temps, la croissance à long terme et la convergence de divers pays, sans compter qu’ils sont pratiquement muets au sujet des institutions; la deuxième section présente le nouveau paradigme de la croissance et soutient que celui-ci permet pratiquement de relever les deux premiers défis; la troisième section montre, avant de conclure, que le nouveau paradigme de la croissance peut facilement être développé de façon à rendre endogènes les transformations institutionnelles et à les relier aux changements technologiques endogènes, répondant ainsi au troisième défi. L’idée que la création de connaissances est critique pour la croissance économique à long terme est certainement la proposition la plus importante qui ressort de la théorie néoclassique de Solow (1956) et Swan (1956). Plus précisément, considérons une économie fermée dans laquelle la production finale Y est assurée à chaque période en employant le capital disponible K, selon la technologie de production : où : (i) A un est un paramètre de productivité qui mesure l’état actuel des connaissances; (ii) L correspond à l’importance courante de la main-d’oeuvre; (iii) la technologie de production F est sujette à des rendements décroissants par rapport à l’accumulation du capital, c’est-à-dire que la productivité marginale du capital FK baisse au fur et à mesure que le capital augmente. Le capital s’accumule en conformité avec l’équation : où s est le taux d’épargne – considéré constant dans le modèle de Solow-Swan – et δ dénote le taux de dépréciation du capital. En l’absence de croissance démographique (c’est-à-dire si L reste constant) et de progrès technique (c’est-à-dire si A est aussi constant), une telle économie ne peut pas croître indéfiniment à un taux positif. En effet, vu la diminution des rendements du capital, le revenu national Y ne s’accroît pas aussi rapidement que le stock de capital, ce qui signifie que l’épargne sY ne peut pas augmenter aussi rapidement que la dépréciation. À un moment donné, la dépréciation rattrape l’épargne et, à ce point, le stock de capital stoppe sa progression et l’économie cesse de croître. Avec un accroissement démographique et une technologie de production F dont les rendements en fonction de K et L seraient constants, un raisonnement similaire pourrait s’appliquer à la production par personne
Appendices
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