Abstracts
Résumé
Après 50 ans de rattrapage du niveau de productivité des États-Unis, l’Europe accumule du retard depuis 1995. En effet, le taux de croissance de la production horaire n’atteignait, sur le Vieux Continent, que la moitié de celui des États-Unis en 1995-2003 et cet écart annuel a ramené le niveau de la productivité européenne de 94 % du niveau des États-Unis à seulement 85 %. Un cinquième du rattrapage européen (de 44 % à 94 %) effectué dans le demi-siècle précédent a été complètement perdu depuis 1995.
Des études désagrégées portant sur les secteurs industriels laissent entendre que la principale différence entre l’Europe et les États-Unis se trouve dans les industries ayant recours aux technologies de l’information (TI), notamment le commerce de gros et de détail, de même que le courtage des valeurs mobilières. Le contraste dans la vente au détail attire l’attention sur les barrières réglementaires et l’aménagement du territoire en Europe empêchant le développement des grands magasins de détail du type de ceux qui ont rendu possible une bonne partie des gains de productivité aux États-Unis. Depuis des décennies, les États-Unis et l’Europe ont choisi des directions opposées en matière de politiques publiques ayant une incidence sur le développement urbain. Les États-Unis ont favorisé des zones métropolitaines à basse densité et fortement dispersées en construisant des autoroutes dans les villes et en étranglant le transport public, en accordant des réductions d’impôts à la propriété résidentielle et en permettant aux gouvernements locaux de maintenir une faible densité d’occupation avec l’imposition d’une taille minimale pour les lots résidentiels. Par contre, les Européens ont choisi des politiques tout autres, en encourageant l’occupation résidentielle de haute densité et les districts commerciaux au coeur des villes, tout en décourageant les installations nouvelles en zones suburbaines et « exurbaines », lesquelles conviennent si bien au développement des grands magasins actuels.
La partie centrale de cet article s’inspire d’une récente publication de Phelps (2003) selon laquelle le dynamisme économique est d’une part stimulé par des politiques qui favorisent la concurrence et la souplesse du financement par capitaux propres et d’autre part étouffé par des institutions corporatistes, conçues pour protéger les producteurs en place et empêcher les nouveaux venus de se tailler une place. Certaines valeurs culturelles européennes découragent l’ambition et l’indépendance des adolescents et des jeunes adultes, contrairement à ce qui se passe aux États-Unis. Si la concurrence, le corporatisme et la culture peuvent contribuer à expliquer les divergences transatlantiques dans la croissance de la productivité, elles mettent aussi en lumière, dans les deux continents, des lacunes institutionnelles profondément ancrées et susceptibles de persister.
La dernière section de l’article identifie les racines profondes du climat plus favorable à l’innovation aux États-Unis qu’en Europe, notamment le système ouvertement concurrentiel des universités privées et publiques, les subventions gouvernementales accordées aux universités sous la forme d’aide à la recherche en fonction d’une évaluation par les pairs plutôt que par l’entremise de bourses sans conditions libérant les étudiants du premier cycle des droits de scolarité, la prédominance mondiale des écoles de commerce et des sociétés de conseil en gestion des États-Unis, l’excellente protection des brevets, l’infrastructure financière flexible permettant de mobiliser du capital de risque à l’intention des innovations prometteuses, les avantages d’une langue commune, la migration intérieure sans entraves et enfin, un environnement accueillant pour les immigrés hautement qualifiés.
Abstract
After fifty years of catching up to the U. S. level of productivity, since 1995 Europe has been falling behind. The growth rate in output per hour over 1995-2003 in Europe was just half that in the United States, and this annual growth shortfall caused the level of European productivity to fall back from 94 percent of the U. S. level to 85 percent. Fully one-fifth of the European catch-up (from 44 to 94 percent) over the previous half-century has been lost over the period since 1995.
Disaggregated studies of industrial sectors suggest that the main difference between Europe and the U. S. is in ICT-using industries like wholesale and retail trade and in securities trading. The contrast in retailing calls attention to regulatory barriers and land-use regulations in Europe that inhibit the development of the ‘big box’ retailing formats that have created many of the productivity gains in the U. S. For many decades, the U. S. and Europe have gone in opposite directions in the public policies relevant for metropolitan growth. The U. S. has promoted highly dispersed low-density metropolitan areas through its policies of building intra-urban highways, starving public transit, providing tax subsidies to home ownership, and allowing local governments to maintain low density by maintaining minimum residential lot sizes. Europeans have chosen different policies that encourage high-density residential living and retail precincts in the central city while inhibiting the exploitation of ‘greenfield’ suburban and exurban sites suitable for modern ‘big box’ retail developments.
The middle part of the paper draws on recent writing by Phelps: economic dynamism is promoted by policies that promote competition and flexible equity finance and is retarded by corporatist institutions designed to protect incumbent producers and inhibit new entry. European cultural attributes inhibit the development of ambition and independence by teenagers and young adults, in contrast to their encouragement in the U. S. While competition, corporatism, and culture may help to explain the differing transatlantic evolution of productivity growth, they reveal institutional flaws in both continents that are inbred and likely to persist.
The final section of the paper identifies the roots of the favorable environment for innovation in the U.S. compared to Europe. Elements include an openly competitive system of private and public universities, government subsidies to universities through peer-reviewed research grants rather than unconditional subsidies for free undergraduate tuition, the world dominance of U.S. business schools and management consulting firms, strong U.S. patent protection, a flexible financial infrastructure making available venture capital finance to promising innovations, the benefits of a common language and free internal migration, and a welcoming environment for highly-skilled immigrants.
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