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Il est un mot (oui, oui, encore un…) qui, utilisé à bon escient, devrait stimuler les motivations, encourager à se surpasser ou encore allumer la flamme pour relever de nouveaux défis. Or, lorsque je l’entends, ou que je le lis, et c’est de plus en plus souvent, je ne peux retenir un réflexe de dégoût. Il s’agit du mot excellence. Nous sommes, à titre de chercheurs ou universitaires, matraqués de discours exaltant cette qualité. Nous devrions poursuivre l’excellence, aider à instaurer l’excellence en recherche et enseignement, mais aussi dans les domaines d’applications de nos sciences respectives, reconnaître l’excellence chez nos collègues, administrateurs, étudiants, obtenir des subventions, des prix d’excellence... L’excellence serait le but ultime, le Saint-Graal de tout chercheur. Je pense « quelle blague! » et en même temps « pourquoi ce dégoût, je ne souhaite pas la médiocrité? », une vraie double contrainte intérieure.

Le problème n’est probablement pas le mot lui-même, mais la source qui l’emploie : les instances du pouvoir institutionnel. Ce n’est certainement pas l’excellence définie par les administrateurs que je cherche, celle qui est profondément associée à des « démarche[s] institutionelle[s] et à la gestion financière » bien plus qu’à la qualité des travaux scientifiques (Tauveron, 2013, p. 133). Répondre à cet appel serait obéir à un modèle productiviste et stérile, loin de la quête de sens et d’une pensée critique, pour reprendre les propos du philosophe Alain Deneault (émission « C’est fou… », Radio Canada Première, 11 septembre 2016). L’excellence de cette catégorie de discours privilégie la performance au détriment de la qualité. « En poussant un peu la logique gestionnaire, on pourrait dire ceci : le comble de l’excellence pour un salarié serait peut-être bien en définitive d'oeuvrer à la suppression ou à la précarisation de son propre travail » (Heller, 2007, p. 44). N’est-ce pas ce qui arrive aux chercheurs universitaires toujours en course pour une nouvelle subvention, un nouvel article, une nouvelle récompense… Cette excellence nous pousse à reproduire ce que par ailleurs nous déplorons dans la société. Elle est une arme dans un système valorisant le rendement et provoque moult larmes d’effort, de tristesse, parfois de joie.

Je tente de répondre à des questions qui préoccupent les humains du 21e siècle. Je cherche à développer, en collaboration, la connaissance sur quelques enjeux cruciaux pour mes contemporains. C’est un privilège que de pouvoir penser de façon critique, remettre en question le sens commun (comme celui de l’excellence!) construire en dialoguant et transmettre. Participer à l’effort scientifique implique rigueur et créativité. Bien entendu, des garde-fous sont nécessaires pour éviter les abus, ainsi qu’une juste dose de débats et compétition pour stimuler cette créativité. Considérer l’excellence comme l’accomplissement de cette quête pourrait signifier chercher à atteindre « un degré éminent de qualité » (c’est la définition du Larousse en ligne). Étymologiquement (je remercie ici Alban Baudou pour son éclairage d’expert de la langue latine), excellence viendrait de excelsus signifiant « élevé, noble ». On trouve aussi celsus, « élevé, haut, fier, droit ». Certes, il s’agit de marquer la hauteur, voire la supériorité, mais aussi la noblesse, la droiture, en un seul autre mot : la dignité. En ce sens, oui, je cherche l’excellence. Cependant, cela sonne désuet, idéaliste, voire niais à beaucoup…

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La revue ne pourrait publier des articles de grande qualité sans compter sur le travail des évaluateurs qui prennent le temps de lire, relire et commenter les articles soumis. Ci-dessous figure le nom des 74 personnes qui ont effectué cette tâche au cours des deux dernières années. Le comité éditorial les remercie chaleureusement :

Lourdes Alix; Claire Autant-Dorier; Alain Battegay; Nathalie Bélanger; Bernard Bernier; Bianca Botea; Yamina Bouchamma; Mouloud Boukala; Nestor Capdevila; Nicole Carignan; Nilima Changkakoti; Marina Chauliac; Viviane Cretton; Xavier de La Selle; Jean-François De Pietro; Guillaume Etienne; Carole Fleuret; Eric Forgues; Sarah Fraser; Andrea Giesch; Betty Goguikian; Aline Gohard; Audrey Gonin; Claude Grin; Zohra Guerraoui; Lucille Guilbert; Béatrice Halsouet; Hélène Hatzfeld; Gianni Haver; Audrey Heine; Yasser Khazaal; Diane Lamoureux; Marie-Emmanuelle Laquerre; Stéphanie Larchanché; Josiane Le Gall; Annick Lenoir; Susanne Lorenz; Marie-Josée Lorrain; Altay Manço; Alexis Martig; Raymond Massé; Nathalie Mondain; Daniele Moore; Donatille Mujawamariya; Assumpta Ndengeyingoma; Tania Ogay; Laurence Ossipow; Garine Papazian-Zohrabian; Tamarha Pierce; Maryse Potvin; Jean-Pierre Proulx; Zineb Rachedi; Lilyane Rachédi; Jean Ramdé; Michel Rautenberg; Nathalie Ricard; Jules Rocque; Rhéa Rocque; Cecile Rousseau; Bernard Roy; Sylvie Roy; Colette Sabatier; Habib Saidi; Francine Saillant; Jose Antonio Santiago Garcia; Mela Sarkar; Concetta Sirna; Marilyn Steinbach; Pascal Tisserant; Mireille Tremblay; Michèle Vatz-Laaroussi; Lucie Villeneuve; Bilkis Vissandjee; Maya Yampolsky

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Ce numéro comporte uniquement des articles hors thème, soumis spontanément à la revue, marque de la nécessité de cet espace de transmission de la connaissance sur les questions d’interculturalité sous toutes ses formes. J’en profite pour renouveler l’invitation : la revue accueille en tout temps des articles qui ne sont pas associés à un thème. Vous êtes cordialement encouragés à nous envoyer vos manuscrits! Les instructions aux auteurs ont été mises à jour dernièrement pour faciliter le processus. Si vous souhaitez en faire plus, par exemple être rédacteur invité d'un numéro entier, le site de la revue contient maintenant une page à l’intention des futurs éditeurs invités. Alors, n’hésitez pas!

Bonne lecture!