Compte rendu

TRICOT, A., SAHUT, G. et LEMARIÉ, J. (2016). Le document : communication et mémoire. Louvain-La-Neuve, Belgique : De Boeck Supérieur, 160 pages[Record]

  • Béatrice Lecomte

…more information

  • Béatrice Lecomte
    Technicienne en archives, Université du Québec à Montréal

Les auteurs de cet essai sont trois universitaires français rattachés à l’université de Toulouse. Le premier, André Tricot, est directeur du laboratoire Cognition, Langues, Langages, Ergonomie, et s’intéresse particulièrement à l’apprentissage et à la recherche d’information dans l’environnement numérique. Gilles Sahut a, de son côté, beaucoup travaillé sur Wikipédia et sur l’évaluation des sources d’information. Quant à Julie Lemarié, elle mène ses recherches principalement sur le traitement cognitif des documents et est maître de conférences en psychologie cognitive et en ergonomie. Dans cet ouvrage, les auteurs ont la volonté de présenter une théorie du document unifiée. Ils désirent développer cette théorie en considérant l’évolution contemporaine des technologies de l’information et de la communication, ainsi que de son effet sur ce qu’ils nomment la révolution documentaire. Dans le premier chapitre, on nous présente les deux fonctions du document qui sont celles de mémoire et de communication. En effet, le document nous permet de pallier les lacunes de la mémoire humaine ou encore de suppléer au manque de connaissance par la transmission de l’information. Cette partie renferme plusieurs exemples d’outils développés au fil des âges afin d’imiter la mémoire humaine ou d’organiser les connaissances. Les liens sémantiques, aussi appelés hypertextes, sont très présents dans le monde numérique, et ce sont ces liens qui permettent de se rapprocher le plus de la façon dont fonctionne notre mémoire. En complément, afin de ne pas noyer l’usager dans une masse d’information, il est nécessaire d’ajouter une certaine organisation, par l’indexation, par l’application du genre au document et par l’utilisation de quelques critères rationnels et conventionnels, tels que l’ordre alphabétique ou le regroupement thématique. Les quatre chapitres suivants se penchent sur quatre caractéristiques que les auteurs appliqueront au document et à l’information, soit : la pertinence, la quantité, la qualité et la manière. Ces attributs sont issus des maximes conversationnelles que H. Paul Grice a publiées en 1975 dans sa théorie de la communication. La pertinence est définie comme une réponse à un déficit de connaissance dans un contexte précis. Du point de vue de l’auteur d’un document, celui-ci est reconnu comme portant une intention de communication ou de mémoire. Lors de la rédaction, l’auteur répond à des questions potentielles, tout en tenant compte de son auditoire, du moyen de communication et de la façon dont l’information sera recherchée. Le désir de transmettre l’information de manière intelligible est manifeste de la part de l’auteur. Puisque le destinataire est préalablement défini, un document qui répond au besoin informationnel d’une personne peut être inutile à une autre. La personne en recherche d’information se soumet à différentes étapes de sélection et d’évaluation de l’information disponible. Ce processus est donc fondamentalement subjectif et il est étudié à partir de la perspective du lecteur-utilisateur. Les auteurs font remarquer que la venue du Web ajoute un nouvel élément qui fait augmenter artificiellement la pertinence : la notion de popularité. La subjectivité se trouve également dans la quantité documentaire (tout comme dans les deux autres caractéristiques, nous le verrons), car la nouveauté et le coût d’une information dépendent de l’utilisateur. Il importe de balancer l’effort demandé par le gain d’information en fonction de la quantité et la qualité de l’information récoltée. Les auteurs soulignent que, de tout temps, les humains ont progressé en optimisant ce rapport bénéfice/coût dans l’acquisition de connaissances. Cet aspect rationnel est l’un des volets de la théorie de la fouille d’information dont les auteurs discutent ensuite. Ils abordent finalement les concepts d’obésité, de bruit et de couverture documentaires, trois enjeux particulièrement discutés dans la recherche d’information par le biais des technologies numériques. Le troisième chapitre aborde la question de …