Compte rendu

CARDIN, M. et KLEIN, A. (2018) Consommer l’information. De la gestion à la médiation documentaire. Sainte-Foy, Québec : Presses de l’Université Laval, 181 pages[Record]

  • Simon-Olivier Gagnon

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  • Simon-Olivier Gagnon
    Candidat au doctorat en archivistique, Département des sciences historiques, Université Laval

Avec Consommer l’information. De la gestion à la médiation documentaire, Martine Cardin et Anne Klein, professeures d’archivistique au département des sciences historiques de l’Université Laval, dirigent leur premier ouvrage commun. Fait anecdotique, mais significatif de l’institutionnalisation de la discipline archivistique, cet ouvrage paraît au sein du même département trois décennies après la thèse de Louise Gagnon-Arguin intitulée L’archivistique au Québec depuis 1960 : une profession et une discipline en émergence. Lorsque cette dernière paraît en 1990, les premières collaborations débutent entre la Division des archives et les programmes d’archivistique de l’Université Laval ; des colloques sont organisés à partir de cette date. Après une courte introduction, l’ouvrage est divisé en deux sections : « Archivistique collaborative – postures épistémologiques et éthiques » et « Institutions, utilisateurs et utilisation ». En proposant une « archivistique ouverte » inspirée du marketing ouvert, Cardin et Desîlets font preuve d’audace : ils proposent de recenser, de décrire et de transposer des « termes fondamentaux de domaines d’ancrages (archivistiques, publicité, marketing, juridique, gouvernance, patrimoine) » et d’« examiner leur compatibilité conceptuelle pour développer un lexique transdisciplinaire opératoire » (p. 22). Pour penser ce que Devriese nomme le « nouvel ordre documentaire numérique », il se réfère à la « médiation documentaire », un concept qui appartient aux sciences de l’information et de la communication. Revendiquant une perspective constructiviste, il problématise l’intervention de l’archiviste qui « produit un savoir » à partir de l’« objet documentaire traité, documenté, médié » (p. 33). La contribution de Legois sur la structure de médiation documentaire de la Cité des mémoires étudiantes est à situer dans le sillon de l’archivistique estudiantine. La mutation des modalités relationnelles entre l’archiviste et l’usager est à saisir, selon lui, grâce à ce qu’il nomme une « archivistique d’intervention » (p. 46). En s’appuyant sur le Dictionnaire de terminologie archivistique des Archives de France, il précise en quoi les archives orales sont des « documents constitués de témoignages oraux, provoqués ou spontanés […] » (p. 52). Les archives orales sont ensuite réutilisées et revalorisées dans une pratique de médiation interculturelle et intergénérationnelle. De son côté, Boutard propose une réflexion sur la conservation collaborative des objets numériques en s’appuyant sur la notion de carrière de l’oeuvre et sur son cycle de vie pour rendre compte de ce processus continu. Il s’interroge sur la pérennité des oeuvres dans le champ des arts de la performance et la difficulté de leur conservation. Le dépôt numérique de ces oeuvres implique, entre autres, de prendre en compte la « triple dimensionnalité de l’instabilité » (technique, pratique, ontologique) et le caractère polymorphe de ces arts (p. 59). Pour sa part, Senécal souligne que, dans « le tout numérique d’aujourd’hui », les archives s’inscrivent dans un « perpétuel mouvement » où « mémoire et oubli sont les deux faces d’une même pièce au sein d’une perpétuelle transaction entre individu et société […] » (p. 80). Pour pallier l’oubli comme « acte social » donnant lieu à des « pratiques sociales institutionnalisées qui ont des effets mémoriels » (p. 82), il s’en remet à Marc Augé et à John Saul. En faisant référence à ce que Saul nomme le contexte de « corporatisme ambiant », l’auteur répète la nécessité d’un nouveau partenariat entre les archivistes, les acteurs du milieu et « les artistes au premier chef », bref « ceux qui peuvent réactiver la mémoire et faire parler le monde. » (p. 81). Dans sa contribution, Servais discute aussi du rôle actif de l’archiviste dans la médiation sémantique et précise que cela n’a rien de particulier à « l’évolution technologique » (p. …

Appendices