Abstracts
Résumé
L’article tend à montrer comment les citoyens de Yougoslavie qui jouaient, notamment à travers la nomenclature utilisée dans les recensements, le jeu de la mixité, ont été les premières victimes du processus d’éclatement du pays, qui a rétabli la patrilinéarité comme unique principe d’identification collective. À travers l’échec de la conception austro-marxiste qui sous-tendait la Fédération yougoslave, c’est le concept même de nationalité, en tant que projection légitime de l’ethnicité, qui est mise en question par les redéfinitions spatiales et politiques de la péninsule balkanique et plus généralement de l’Europe centrale et orientale. Les diverses déclinaisons de la notion de minorité (« droit des minorités », « protection des minorités ») ne font qu’entériner dans le nouvel ordre mondial les apories du principe des nationalités.
Mots-clés:
- Gossiaux,
- ethnicité,
- nationalité,
- minorité,
- austro-marxisme,
- Yougoslavie
Abstract
This article shows how Yugoslavia’s citizens who accepted the idea of mixing, notably through the nomenclature used in the census, have been the first victims of the process leading to the country’s collapse, process which restored patrilinearity as the unique principle of collective identification. Through the failure of the austro-marxist conception underlying the Yugoslav Federation, the concept of nationality itself, as a legitimate projection of ethnicity, is put under question by the spatial and political redefinitions of the Balkan peninsula, and more broadly of the Central and Eastern Europe. The diverse acceptations of the notion of minority (“minority rights”, “protection of minorities”) are only confirming the paradoxes of the principle of nationalities within the New World Order.
Key words:
- Gossiaux,
- ethnicity,
- nationality,
- minority,
- austro-marxism,
- Yugoslavia
Appendices
Références
- Barth F. (dir.), 1969, Ethnic Groups and Boundaries. The Social Organization of Culture Difference. Bergen et Londres, George Allen & Unwin.
- Bauer O., 1987 [1924], La question des nationalités et la social-démocratie. Traduit de Die Nationalitätenfrage und die Sozialdemokratie [1907], Vienne). Paris et Montréal, Arcantère et Guérin.
- Benoît-Rohmer F., 1995, « La Convention-cadre du Conseil de l’Europe pour la protection des minorités nationales », European Journal of International Law. Consulté sur Internet (www.ejil.org/journal/Vol6/No4/art3.html), le 2 avril 2002.
- Canapa M.-P., 1980, La Yougoslavie. Paris, Presses Universitaires de France.
- Congrès des pouvoirs locaux et régionaux de l’Europe, 1998, Autonomie territoriale et minorités nationales. Rapport à la cinquième session plénière du Congrès, Strasbourg. Rapporteur Gianfranco Martini (Italie), co-rapporteur Folke Ohman (Finlande).
- Gossiaux J.-F., 1993, « Recensements et conflits “ethniques” dans les Balkans », La Pensée, 296 : 23-31.
- —, 2002, Ethnicité et pouvoir. Des Balkans à l’Europe. Paris, Presses Universitaires de France.
- Haut Commissariat des Nations Uniesauxdroitsde l’Homme, 1998, Fiche d’information no 18 (Rev.1), Genève, 1998. Consulté sur Internet (www.unhchr.ch/french/html/menu6/2/fs18_fr.htm), le 2 avril 2002.
- Haupt G., M. Lowy et C. Weill, 1974, Les marxistes et la question nationale 1848-1914. Paris, Maspéro.
- Lutard C., 1994, « Structure nationale : complexité et danger. Genèse du citoyen yougoslave », Transitions, 1 : 5-54.
- Mrdjen S., « Le dernier recensement de la Yougoslavie », Population et sociétés, INED, décembre 1991.
- Pétric B., 1997, « Ethnicité et nationalisme en Yougoslavie. Le cas d’un village en Voïvodine », Balkanologie, 2 : 27-39.
- Renner K., 1898, Staat und Nation. s. l., s.e.
- Van Gennep A., 1995 [1922], Traité des nationalités. Paris, Éditions du CTHS.
- Weber M., 1971, Économie et société. Paris, Plon.
- Yerasimos S., 1991, « Balkans : frontières d’aujourd’hui, d’hier et de demain ? », Hérodote, 63 : 80-98.