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Gérard Duhaime et Nick Bernard ont coordonné l’édition de cet ouvrage grand public, nouveau volume de la collection « Atlas historique du Québec », cette fois-ci consacré au Nord, cette dimension mythique de la géographie québécoise. Mythique et mal connue, on peut donc se réjouir de la publication d’un tel ouvrage.
Duhaime et Bernard ont mobilisé à cette occasion bon nombre de chercheurs du Groupe d’études inuit et circumpolaires (Gétic) ou associés à ce groupe de recherche multidisciplinaire en sciences sociales de l’Université Laval qui oeuvre à la compréhension de ces régions. L’architecture de l’ouvrage est d’une facture classique mais efficace, et distribue les textes des différents auteurs en deux grandes parties qui reprennent la distinction opérée par le sous-titre : « les habitants du Nord » et « les mutations du Nord ». L’ouvrage est introduit et conclu par Gérard Duhaime.
Le premier chapitre, très intéressant et à la riche iconographie, écrit par Yves Labrèche, est logiquement consacré aux peuplements préhistoriques du Nord-Québec et du Labrador. Suivent deux articles de Paul Charest, l’un consacré aux « fréquentations » puis peuplements permanents de la côte Nord et du golfe du Saint-Laurent par des populations « européennes ». Toutefois l’article débute par un point sur l’ancienneté du peuplement autochtone. L’article suivant, toujours de Paul Charest, est justement consacré aux Montagnais ou Innus. Suivent des portraits de Cris de la baie James (Carole Lévesque et Nick Bernard), des Naskapis (Carole Lévesque, Charleen Rains, Dominique de Juriew) et des Inuit du Nunavik (Bernard Saladin d’Anglure) qui tous abordent les évolutions sociales qu’ont connues ces populations aux siècles précédents.
C’est pourtant la seconde partie de l’ouvrage qui aborde pleinement cette question fondamentale des mutations sociales et économiques. On y trouvera un chapitre introductif de Benoît Robitaille et Nick Bernard sur l’histoire des explorations géographiques et des frontières du Nord québécois. S’en suivent un article détaillé de François Trudel sur la traite de la fourrure dans la péninsule du Québec-Labrador, puis un nouvel article de Paul Charest sur l’industrialisation du Nord, plus précoce qu’on ne le croit généralement. Enfin, Gérard Duhaime, Nick Bernard et Anne Godmaire concluent cette deuxième partie par un article de synthèse sur la sédentarisation des populations autochtones. Un regret quand même, car bien que la question de la christianisation des populations autochtones soit abordée dans plusieurs articles de l’ouvrage, il aurait été tout à fait à propos de lui consacrer un chapitre indépendant.
Toutefois, la diversité des thèmes abordés donne une synthèse des réalités de l’histoire du Nord québécois. L’iconographie de l’ouvrage est riche malgré un choix de couleurs peu attrayant. Les nombreuses photographies et cartes font plus qu’illustrer le propos, par contre on regrette que les seules photographies couleurs de l’ouvrage se situent dans le chapitre d’Yves Labrèche consacré à la préhistoire et non pas dans les chapitres afférents aux mutations. Gageons que ces dernières auraient été mieux à même de rendre compte de la réalité contemporaine du Nord.
On regrette également certains aspects de l’économie générale de l’ouvrage. À commencer par le regroupement des références dans une bibliographie générale en fin de volume, assez peu pratique à consulter. Il en va de même des notes regroupées elles aussi en fin de volume. Il manque également l’identification des auteurs (voire leurs qualités qui ne sont indiquées nulle part) pour chaque chapitre. Par ailleurs il est peut-être dommage que dans un ouvrage grand public certaines citations ne soient pas traduites de l’anglais.
Ces quelques détails n’entachent pas la réussite générale de l’ouvrage que l’on recommande à quiconque souhaitant approfondir sa connaissance de ces régions au Nord de l’hiver.