Abstracts
Résumé
La plupart des critiques actuelles contre l’intervention armée en Irak s’en prennent aux deux justifications avancées par les membres de la coalition : (1) que les États-Unis devaient neutraliser les dangers posés par l’Irak à leur sécurité et à la stabilité politique au Moyen-Orient et (2) que la guerre en Irak peut être justifiée comme une étape nécessaire de la guerre à mener contre le terrorisme international. L’objection principale élevée à l’encontre de la justification (1) est que celle-ci était, et demeure, non fondée. Contre la justification (2), plusieurs estiment que l’intervention en Irak n’avait pas de rapport, ou au mieux qu’un rapport indirect, avec la lutte contre le terrorisme. Dans un texte récent, Fernando Tesón a tenté de montrer que l’intervention américaine en Irak peut néanmoins être moralement justifiée comme un cas d’intervention humanitaire. Par « intervention humanitaire », il faut entendre une action coercitive menée par un État ou un groupe d’États à l’intérieur de la sphère de juridiction d’une communauté politique indépendante, sans la permission de cette dernière, en vue d’empêcher ou de mettre un terme à une violation massive de droits de la personne perpétrée à l’encontre d’innocents qui ne sont pas des co-nationaux à l’intérieur de cette communauté politique. Je soutiendrai dans cet essai que l’intervention américaine en Irak ne satisfait pas aux conditions d’une intervention humanitaire légitime, contrairement à ce que prétend Fernando Tesón.
Abstract
Most current criticisms against the intervention in Iraq have tackled the two justifications articulated by the members of the coalition: (1) that the United States had to neutralize the threats that Iraq generated for their own security and to the political stability in the Middle East and (2) that the war in Iraq can be justified as a necessary stage in the war against international terrorism. The principal objection against justification (1) is that it was, and remains, unfounded. Against justification (2), many have replied that the intervention in Iraq had no connection, or at best had merely an indirect connection, with the fight against terrorism. In a recent text, Fernando Tesón claims that the American intervention in Iraq can nevertheless be morally justified as a case of humanitarian intervention. By “humanitarian intervention”, one must understand a coercive action taken by a state or a group of states inside the sphere of jurisdiction of an independent political community, without the permission of the latter, in order to prevent or to end a massive violation of individual rights perpetrated against innocent persons which are not co-nationals inside this political community. I argue in this article that the American intervention in Iraq does not satisfy the conditions of a legitimate humanitarian intervention, as opposed to what Fernando Tesón claims.