Abstracts
Résumé
La littérature a horreur des complices. Penser l’expérience de lecture en ces termes permet d’entrevoir certains effets de mise à distance que génère un pan de la littérature narrative des XXe et XXIe siècles, tenu en suspicion. Ce parti pris d’émancipation — où le texte s’autonomise et le récit se complexifie jusqu’à dissimuler, étouffer, voire anéantir sa propre mécanique — pousse aussi à contester certains ressorts de la fiction : y a-t-il, en fin de compte, dans la « feintise ludique », un partage honnête entre l’auteur et le lecteur?
Abstract
Literature hates accomplices. To think of the reading experience in these terms allows us to glimpse at some of the distance effects generated by a part of the narrative literature of the 20th and 21st centuries, which is held in suspicion. This emancipation bias — where the text becomes autonomous and the narrative becomes more complex to the point of concealing, stifling or even destroying its own mechanics — also pushes us to challenge certain aspects of fiction: is there, in the end, in “playful feinty”, an honest sharing between the author and the reader?
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Appendices
Notes biographiques
Cassie Bérard est professeure au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal et chercheure régulière à Figura, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Elle est l’auteure de deux romans, D'autres fantômes (Druide, 2014) et Qu'il est bon de se noyer (Druide, 2016), et de plusieurs fictions brèves publiées dans des revues québécoises. Ses recherches en théorie et pratique de la création littéraire portent sur les artifices de la fiction, plus particulièrement les narrations problématiques et l’expérience du soupçon qu’elles entretiennent. Elle est la fondatrice de l’espace création Quartier F.
Jean-Philippe Lamarche est étudiant au doctorat en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal, sous la direction de Cassie Bérard. Il s’intéresse aux narrations paranoïaques et aux théories du complot, qui lui permettent de mener une lecture conspirationniste du mythe de Cthulhu de H. P. Lovecraft. Sa maîtrise en recherche-création à l’UQAM (2018) interrogeait, en mobilisant le motif du miroir dans le miroir, le rapport entre fiction et fantasme chez le sujet narcissique.
Bibliographie
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