Chronique bibliographique

Michel Coutu et Gregor Murray (dir.), Travail et citoyenneté. Quel avenir ?, Québec, Presses de l’Université Laval, 2010, 475 p., ISBN 978-2-7637-8771-8.[Record]

  • Nathalie Blais

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  • Nathalie Blais
    Université de Montréal

La citoyenneté industrielle a été un concept porteur, après la Seconde Guerre mondiale, dans le domaine tant des relations industrielles et de la sociologie des relations professionnelles que du droit du travail. Depuis les bouleversements suscités par la mondialisation, il faut revoir ce concept qui n’est plus adapté aux modifications actuelles du monde du travail. Cette réflexion sur la citoyenneté au travail a été amorcée au Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT). Michel Coutu, coordonnateur du Groupe d’études sur le droit du travail du CRIMT et professeur titulaire à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal, ainsi que Gregor Murray, directeur du CRIMT, également professeur titulaire à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal, ont dirigé cet ouvrage collectif auquel ont contribué des experts d’horizons disciplinaires et géographiques variés. Cet ouvrage est le premier à paraître dans la collection « Travail et emploi à l’ère de la mondialisation ». Les seize chapitres de l’ouvrage revisitent la signification contemporaine de la citoyenneté au travail. Selon des perspectives diversifiées, chaque auteur contribue à faire un état des lieux des droits du travail et de la démocratie dans les milieux de travail. Cet ouvrage s’adresse aux spécialistes des relations de travail, désireux de comprendre les bouleversements qui sont survenus dans les rapports de travail et l’inévitable remise en cause des modèles traditionnels qui structuraient ces derniers. Coutu et Murray diront ceci : Chacun des auteurs s’attaque donc à ce champ de recherche, afin d’en décortiquer la problématique et de mettre en relief des pistes de solution qui redéfiniraient de manière plus appropriée la citoyenneté au travail. L’ouvrage comprend une préface et une présentation des textes par les deux codirecteurs. La première partie pose la question de la désuétude du concept de citoyenneté industrielle. Elle comprend cinq textes, dont celui de Harry W. Arthurs qui avait, dans un article célèbre paru en 1967, affirmé que le Canada était prêt à relever le défi de la citoyenneté industrielle. Pour Arthurs, les changements technologiques, la mondialisation, la crise de l’État-providence et même la constitutionnalisation de certains droits individuels ont contribué au déclin de ce concept. Ensuite, Ron McCallum réfléchit à une voie alternative concernant les relations de travail en Australie, où le travail atypique prend des proportions inquiétantes. Il sépare d’abord le concept en deux finalités, soit l’atteinte d’un idéal et un instrument de connaissance des relations industrielles. Il oppose ensuite la citoyenneté sociale à la citoyenneté globale. Enfin, il encourage de nouveaux mécanismes de consultation qui tiendraient compte des travailleurs atypiques. Martine Le Friant et Antoine Jeammaud abordent la question dans la perspective du droit français. Bien que les lois Auroux aient reconnu des droits de citoyenneté aux travailleurs, ils considèrent que cela ne fait pas de la France une démocratie industrielle. Selon eux, l’idée de citoyenneté de l’entreprise est un « détournement de langage ». Les deux textes qui complètent la première partie s’intéressent à la relation entre la citoyenneté au travail et la crise de l’État social. Matthieu de Nanteuil-Miribel décrit, dans une perspective philosophique, les perceptions de la citoyenneté et du travail chez les Grecs de l’Antiquité. Il rappelle que la citoyenneté est une exigence, avant d’être un état de fait. Il s’inspire de la pensée de Heidegger, Arendt, Habermas, Taylor et Honneth et invite à repenser la régulation des échanges économiques et le maintien de l’État social. Pour sa part, Michel Coutu se demande s’il y a un lien entre la crise de l’État social, qui touche négativement la citoyenneté au travail, et l’avènement d’une plus grande reconnaissance des droits individuels reconnus dans …

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