Chronique bibliographique

Karim Benyekhlef (dir.), Les cultures du droit, Montréal, Éditions Thémis, 2012, 163 p., ISBN 978-2-89400-302-2.[Record]

  • Titine Kouendze

…more information

  • Titine Kouendze
    Université Laval

L’ouvrage dont nous faisons la recension ici est le résultat d’une série de conférences organisée par le Centre de recherche en droit public de la Faculté de droit de l’Université de Montréal. Rédigé sous la direction de Karim Benyekhlef, professeur à la Faculté de droit et directeur du Centre de recherche en droit public, l’ouvrage Les cultures du droit interroge le rapport entre le droit et la religion. Le point de départ de ce travail de recherche est une définition particulière du droit. Non défini dans cet ouvrage comme un ensemble de règles positives régissant un domaine précis, le droit y est plutôt appréhendé dans son assertion anthropologique comme un artéfact culturel. La religion étant une « autre construction culturelle humaine », la question que se posent les auteurs est de savoir quelles sont les fonctions contemporaines du droit dans nos sociétés où les conflits religieux, les revendications identitaires et les changements que nous impose la mondialisation sont plus présents que jamais. Comment le droit parvient-il à réglementer et à régulariser ces nouveaux conflits ? En réponse à ces questions, les hypothèses sont partagées, mais les auteurs s’accordent à penser que le privilège doit être donné à l’évolution des sociétés vers un idéal démocratique commun, sans perdre la quintessence de ce que le sacré offre à chacun. Les problèmes entourant les questions religieuses et identitaires sont nombreux, et les auteurs en font un bel étalage dans cet ouvrage. Ils s’intéressent précisément à la religion musulmane, au droit musulman, au rapport existant entre le droit et le sacré ainsi qu’aux problèmes identitaires, notamment ceux qui sont liés à la citoyenneté et à la naturalisation. Pour faciliter la compréhension de l’ouvrage, nous avons rassemblé les différents textes sous ces thèmes et nous les examinons dans le même ordre. Les réflexions sur l’islam et le droit musulman occupent plus de la moitié de cet ouvrage. Il est intéressant de lire la construction et l’évolution du droit musulman de même que les problématiques actuelles auxquelles doivent faire face les États « traversés par le fait islamique ». Ces problématiques ne sont en réalité pas différentes de celles des sociétés occidentales où il y a, à un autre niveau, débat entre la conservation des cultures et des traditions d’antan et l’ouverture parfois trop excessive de la nouvelle démocratie libérale, qui semble entrer dans la phase la plus perverse de son histoire : c’est le débat politique classique entre libéraux et conservateurs. Quatre des huit articles de cet ouvrage tentent de dissiper le flou qui existe dans la conception de la religion musulmane et la confusion sur la définition du droit musulman, ce qui soulève les problèmes identitaires et culturels. Dans l’article intitulé « Le droit musulman et le statut des femmes : dissiper le malentendu », Rim Gtari lève le voile sur les définitions erronées du droit musulman, aujourd’hui symbole de conservatisme et d’oppression. Elle rappelle dans les premières lignes de son texte que, dès son apparition, l’islam était une religion fondamentalement progressiste. Et que, de ce fait, il avait fortement transformé le statut des femmes qui sont très vite passées d’objets à celui de sujets de droits. Cette auteure estime, contrairement à la majorité des chercheurs, qu’il existe une distinction entre l’islam et le droit musulman qui, bien qu’il soit inspiré du Coran et des récits du prophète Mohamet, est le fruit d’un travail d’interprétation des jurisconsultes. Rim Gtari plonge ensuite dans l’histoire pour nous expliquer comment l’esprit humain a façonné et construit le droit musulman actuel. Elle précise que la situation des femmes musulmanes aujourd’hui est le résultat du maintien, par les rédacteurs …

Appendices