
Number 78, 2025
Table of contents (11 articles)
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Présentation
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La saga des tableaux des Stations du chemin de croix de l'église Notre-Dame de Montréal. Un mystère résolu
Jacques Des Rochers
pp. 1–36
AbstractFR:
Cet article présente une correspondance inédite qui fait état des démarches soutenues du sulpicien Jean-Baptiste Thavenet, en poste à Rome pour la période de 1843 à 1844, avec le supérieur du séminaire de Saint-Sulpice de Montréal et curé de Notre-Dame, Joseph-Vincent Quiblier, pour la réalisation du chemin de croix de l’église paroissiale. Il doit remplacer celui d’Antoine Plamondon, refusé pour des raisons d’orthodoxie liturgique, qui lui-même, remplaçait celui de James Bowman, non terminé. On y constate, entre autres, les difficultés de trouver un peintre, la suggestion répétée par Thavenet, dans ces circonstances, de le faire entreprendre à nouveau par Plamondon ou au pays, et les données qui confirment que le chemin de croix finalement réalisé en Italie n’est actuellement pas attribué au bon peintre. Les sources des tableaux envoyés à Montréal en 1847 sont également présentées. Il s’agit de gravures de Pietro Leone Bombelli, le père des deux auteurs des tableaux, les frères Gioacchino et Filippo Bombelli. La Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal récupère en 2005 ces tableaux qui avaient été vendus dès la fin du xixe siècle à la paroisse Saint-Henri. Cet article veut redonner leur place à ces tableaux méconnus, mais significatifs.
EN:
This article presents unpublished correspondence between the Sulpician Jean-Baptiste Thavenet, stationed in Rome for the period from 1843 to 1844, and the superior of the seminary of Saint-Sulpice of Montreal and parish priest of Notre-Dame, Joseph-Vincent Quiblier, describing Thavenet's sustained efforts to acquire depictions of the Stations of the Cross in the parish church. The new paintings were to replace those of Antoine Plamondon, which were refused for reasons of liturgical orthodoxy, and which turn replaced unfinished paintings by James Bowman. Among other things, the correspondence records the difficulties of finding a painter, Thavenet's repeated suggestion to have Plamondon or another painter in the country undertake the work again under the circumstances, and the data that confirm that the Stations of the Cross finally created in Italy were not currently attributed to the right painter. The article also presents the sources of the paintings sent to Montreal in 1847, which are engravings by Pietro Leone Bombelli, the father of the two creators of the paintings, brothers Giacchino and Filippo Bombelli. In 2005, the Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal recovered these paintings, which had been sold at the end of the 19th century to the Saint-Henri parish. This article aims to restore these little-known but significant paintings to their rightful place in history.
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Les lois de 1836 : la dernière communion des Patriotes et des Bureaucrates (Première partie)
Christian Blais
pp. 37–60
AbstractFR:
Durant la session parlementaire de 1835-1836, la majorité patriote de la Chambre d’assemblée et la majorité bureaucrate du Conseil législatif adoptent 59 lois. L’analyse de ces textes législatifs permet d’inventorier les divers aspects de l’administration de l’État colonial, de l’économie et de la société civile qui font consensus. Par comparaison, l’étude des 44 projets de loi morts au feuilleton fait ressortir ce qui oppose les parlementaires bas-canadiens. Quant aux débats recensés dans les chroniques parlementaires des journaux du Bas-Canada, ils cernent les intentions des législateurs. On comprend que les idées et les convictions des hommes politiques bas-canadiens ne peuvent pas toujours être classées en deux camps opposés. Des Patriotes radicaux, passant par les modérés jusqu’aux Bureaucrates anglophones ultraconservateurs, il existe une vaste palette de couleur politique.
EN:
During the parliamentary session of 1835- 1836, the Parti patriote majority in the House of Assembly and the “bureaucratic” majority in the Legislative Council passed 59 laws. Analysis of those legislative texts reveals the various aspects of the colonial state administration, economy and civil society on which there was consensus. By comparison, a study of the 44 bills that died on the order paper highlights the differences between Lower Canadian parliamentarians. Then there are the debates recorded in the parliamentary columns of Lower Canada’s newspapers, which reveal the intentions of the legislators. It’s easy to see that the ideas and convictions of Lower Canadian politicians can’t always be divided into two opposing camps. From the radical Patriotes through the moderates to the ultraconservative English-speaking bureaucrats, there is a broad palette of political color.
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Alfred Maugard et la vie théâtrale à Québec en 1871
Lucie Robert
pp. 61–91
AbstractFR:
On a peu réfléchi à la place qu’occupe le théâtre dans la ville de Québec dans la deuxième moitié du xixe siècle. Le présent article revient sur cette période, pour saisir le rôle qu’a pu y jouer le comédien français Alfred Maugard, qui arrive en 1871 avec la Compagnie française des Antilles. Celui-ci a fait toute sa carrière dans les provinces françaises de France, de Suisse et de Belgique et au cours de nombreuses tournées dans les colonies du Pacifique. Arrivant à Québec, il trouve une ville qui n’a pas de théâtre permanent et il y établit la première troupe professionnelle francophone de son histoire. Pendant une décennie, il assure une activité théâtrale avec l’aide des amateurs locaux et malgré l’opposition réitérée des ultramontains et du clergé.
EN:
Little thought has been given to the place of theatre in Québec City in the second half of the 19th century. This article looks back at this period, to understand the role played by the French actor Alfred Maugard, who arrived in 1871 with the Compagnie française des Antilles. He spent his entire career in the French provinces of France, Switzerland and Belgium and toured extensively in the Pacific colonies. Arriving in Québec City, he found a city that did not have a permanent theatre, and there he established the first professional troupe in its history. For a decade, he provided theatre in French with the help of local amateurs and despite repeated opposition from the ultramontanes and the clergy.
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Cartographier la route atlantique entre France et Nouvelle-France : de Cartier à Champlain
Jean-François Palomino
pp. 93–125
AbstractFR:
L’historiographie a établi de longue date que la connaissance intellectuelle des espaces maritimes est un phénomène concomitant de l’élargissement de l’horizon des royaumes européens. Cet article explore cette relation entre savoirs géographiques et expansionnisme européen en abordant l’état des pratiques hydrographiques de ceux qui naviguent sur les eaux du golfe et du fleuve Saint-Laurent au xvie siècle et au début du xviie siècle. À l’aide de diverses traces laissées notamment dans les traités de navigation, les récits de voyages et un corpus de cartes normandes, le présent article fait état des méthodes d’observation, de consignation de données, de désignation de noms de lieux. Il s’attarde aux rapports entre savoirs vernaculaires et savoirs officiels, à l’influence (ou l’absence d’influence) entre explorateurs et hydrographes, à l’inconstance des données, aux fonctions variées des cartes et à l’implication ambiguë des autorités françaises dans l’accumulation de connaissances d’outre-mer.
EN:
Historiography has long established that intellectual knowledge of maritime spaces is a concomitant phenomenon of the broadening of the horizon of European kingdoms. This article explores the relationship between geographical knowledge and European expansionism by addressing the state of hydrographic practices of those who navigated the waters of the Gulf and the St. Lawrence River in the 16th and early 17th centuries. Using various traces left notably in navigation treaties, travel accounts and a corpus of Norman maps, the author reports on the methods of observation, recording of data, and designation of place names. It focuses on the relationships between vernacular knowledge and official knowledge, the influence (or lack of influence) between explorers and hydrographers, the inconstancy in the data, the varied functions of maps and the ambiguous involvement of French authorities in the accumulation of overseas knowledge.
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À la recherche de François, panis de Pierre Prudhomme
Dominique Deslandres
pp. 127–146
AbstractFR:
En 1703, le panis François fait un testament en bonne et due forme en faveur de son maître. Il lui lègue tous ses biens « afin quil se souvienne de luy et par reconnoissance des peines quil a prise à l’ellever et instruire en la Religion catolique ». À partir de ce document, extrêmement rare dans la mémoire de l’esclavage, et d’une foule d’autres manuscrits, on peut « pister la vie minuscule » de cet oublié de l’histoire dans les archives et ainsi, à partir de ces traces dispersées, reconstituer le destin d’un homme autochtone asservi, émancipé et sans doute réesclavisé à Montréal pendant le régime français, cela afin « de le re-créer, de lui offrir une seconde chance — assez solide dans l’immédiat — d’entrer dans la mémoire de son siècle », comme l’écrit l’historien Alain Corbin à propos de Louis-François Pinagot, cet inconnu à qui il a donné vie.
EN:
In 1703, the “panis” slave François made a legally binding will with his master as beneficiary. He bequeathed him all his belongings “so that he may remember him and in recognition of the troubles he took in raising and instructing him in the Catholic Religion.” From this document, extremely rare in the annals of slavery, and a multitude of other manuscripts, one can “trace the tiny life” of this forgotten figure in the archives and thus, from these scattered traces, reconstruct the fate of an indigenous man who was enslaved, emancipated, and likely re-enslaved in Montreal during the French regime. This is to “recreate him, to offer him a second chance – and this time a better chance – to enter into the memory of his century,” as the historian Alain Corbin writes about Louis-François Pinagot, the unknown individual he has brought back to life.
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L’enquête Tremblay-Fortin sur les conditions de vie des familles salariées de 1959. Un tournant dans l’histoire des sciences sociales
Simon Langlois
pp. 147–171
AbstractFR:
L’enquête Tremblay-Fortin sur les comportements économiques des familles salariées du Québec, menée en 1959, a influencé l’histoire intellectuelle de la société québécoise et elle a conforté la redéfinition du Québec comme société industrielle et comme société de consommation, tant en milieu urbain qu’en milieu rural, bien loin de l’image de la folk society. Elle a documenté les nouveaux besoins des familles à l’aide d’une vaste enquête budgétaire, ainsi que l’émergence de leurs aspirations. Cette enquête révèle que les conditions de vie et les représentations sociales des Canadiens français sont celles d’une société bien entrée dans la modernisation avant les années 1960, alors que les institutions tardaient à s’ajuster aux nouvelles réalités sociales vécues par les familles. L’enquête Tremblay-Fortin a contribué à la prise de distance avec la nation canadienne-française comme référence nationale et elle a alimenté un regard neuf posé sur la société québécoise.
EN:
The 1959 Tremblay-Fortin survey of the economic behaviour of salaried families in Québec influenced the intellectual history of Québec society, and helped redefine Québec as an industrial and consumer society in both urban and rural areas, a far cry from the social-representation image of a “folk-society“. It documented the new needs of families through an extensive budget survey, as well as the emergence of their aspirations. The survey revealed that the living conditions and social representations of French-Canadians were those of a society well into modernization before the 1960s, when institutions were slow to adjust to the new social realities experienced by families. The Tremblay- Fortin survey contributed to a move away from the French-Canadian nation as a national reference and influenced a fresh look at Québec society.
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Des femmes et des modes. Dialogue entre le moderne et le traditionnel
Jocelyne Mathieu
pp. 173–196
AbstractFR:
Comment la mode se dynamise-t-elle dans un rapport entre la création artistique, les arts, l’artisanat et la culture populaire ? La mode a d’abord circulé depuis les hautes sphères sociales jusqu’à ce que le pouvoir de la rue inverse sa trajectoire. Empreinte de traditions malgré son association à la nouveauté, elle a recours à des techniques ancestrales et renoue périodiquement avec quelques silhouettes du passé. Certains créateurs et créatrices de mode réservent une place de choix à l’artisanat, surtout celui qui procure du spectaculaire et qui ajoute de la qualité au produit désiré. En cela, la mode proposée, commercialisée et portée intègre inévitablement des éléments du passé, constamment réinventé. Cette dynamique cyclique traverse le temps et l’espace pour aboutir à des agencements où le métissage devient l’approche à adopter.
EN:
How does fashion become dynamic in a relationship between artistic creation, arts, crafts and popular culture? Fashion first circulated from the upper echelons of society until the power of the street reversed its trajectory. Steeped in tradition despite its association with novelty, it uses ancestral techniques and periodically reconnects with some silhouettes from the past. Some fashion designers reserve a special place for crafts, especially those that provide an element of the spectacular and add quality to the desired product. In this way, the fashion offered, marketed and worn inevitably integrates elements of the past, constantly reinvented. This cyclical dynamic crosses time and space to result in arrangements where crossbreeding becomes the approach to adopt.
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Note de recherche. Le plus ancien site connu de production métallurgique en Nouvelle-France
Louise Pothier
pp. 197–216
AbstractFR:
Le site archéologique du fort de Ville-Marie dans le Vieux-Montréal a livré une quantité importante de débris métallurgiques témoignant d’activités de production de fer par des artisans métallurgistes locaux et la présence d’un atelier de forge. Provenant de contextes de la deuxième moitié du xviie siècle, ces vestiges seraient les plus anciens témoins des tentatives de produire du fer à partir de minerai en Nouvelle-France. Les archives documentaires sont muettes sur cette activité en ce lieu, ajoutant à l’intérêt de la découverte archéologique. Avançons l’hypothèse que la nécessité de produire localement du fer est liée au contexte de la foire des fourrures à Montréal et à l’effervescence du milieu de la construction dans une période de pénurie de fer.
EN:
The archaeological site of Fort de Ville-Marie in Old Montréal has yielded a large amount of metallurgical debris testifying to iron production by local metalworkers and the presence of a forge. Dating from the second half of the 17th century, these remains are believed to be the earliest evidence of attempts to produce iron from ore in New France. Documentary archives are silent on such activity at this site, adding to the interest of the archaeological find. Our hypothesis that the need to produce iron locally was linked to the context of the fur fair in Montréal and to the effervescence of the construction environment in a time of iron shortage.
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Chronique de la Société des Dix
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Index général