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Cet ouvrage est une extension du projet de recherche Exclim, qui étudiait des crises climatiques et leurs conséquences sur les mouvements des populations concernées. Sur la base de ces travaux, les coordonnateurs, accompagnés de 20 auteurs, ont élargi leurs champs d’investigation afin d’exposer et de rendre explicite la diversité des déplacements des populations, induits par des phénomènes climatiques. Sont pris en compte les déplacements à grande échelle, les migrations volontaires, les déplacements permanents, les évacuations volontaires ou forcées ainsi que les mouvements liés aux « troubles sérieux à l’ordre public ». Cette diversité est agrégée par l’intermédiaire d’une problématique accessible.

Les migrations de populations réfugiées, migrantes ou déplacées ne sont-elles pas influencées, outre les changements climatiques, par des facteurs économiques, sociaux ou pour le moins politiques ?

Bien qu’il reste de nombreuses pierres d’achoppement au sujet de la définition des termes employés par les multiples intervenants sur les phénomènes de migration induits par l’évolution climatique, les faits migratoires pour des raisons climatiques demeurent une réalité en progression constante. Des millions de personnes sont concernées par de tels mouvements. Il est important pour les auteurs que ces flux, qui vident certains territoires et qui produisent une pression démographique sur les territoires d’accueil, puissent être abordés avec suffisamment d’information pour qu’il soit possible de proposer des réponses viables aux migrants, aux déplacés ou aux réfugiés pour causes climatiques.

Les axes développés dans la première partie de cet ouvrage apportent un fond de connaissance aux personnes curieuses des phénomènes de populations déplacées, migrantes ou réfugiées. Les actions des organismes institutionnels, les imbrications, les difficultés ou les méandres administratifs, politiques et diplomatiques mettent en relief la complexité de toutes les options de gestion et de réponse, que ce soit par les gouvernements, les organisations internationales ou l’Union européenne. Les migrants environnementaux et les droits de la personne sont présentés par le prisme des disparités des réponses pouvant être apportées en fonction des contextes et des causes climatiques. Pour parvenir à des prises en considération efficaces, les intervenants doivent comprendre, coordonner et coopérer, tout en incluant les origines diverses, les capacités d’accueil, la gestion des terres, ainsi que la protection et la vulnérabilité des individus. Le rôle des États, les politiques publiques, les capacités de réponse et les réalités internes s’ajoutent à l’action des intervenants, qu’ils complexifient à souhait. Les organisations internationales, telles que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), sont mises en avant dans l’oeuvre entreprise pour parvenir à des solutions viables pour les populations devant fuir leur lieu originel de vie.

La seconde partie du livre nous plonge dans le cadre concret des réalités des migrations, des flux des populations et des difficultés à saisir toutes les dimensions des multiples phénomènes sources des déplacements parfois massifs de population. Les catastrophes, les tendances climatiques, les coercitions sociétales ou les affrontements sont autant d’étincelles qui engendrent des mobilités parfois sur des distances extrêmement longues. L’éventail des exemples est des plus ouverts. Il nous fait découvrir des déplacements internes en Grèce, en Turquie, en France ou au Mali pour des causes de nature climatique. Par ailleurs, lorsque les mouvements impliquent le franchissement d’une frontière terrestre ou maritime, des problèmes relatifs à l’accueil d’immigrants se posent parfois de manière extrêmement tendue, même si les populations victimes de la montée des eaux ne sont en rien responsables. Ces exemples montrent l’impossibilité de proposer des réponses toutes faites, ainsi que la nécessité d’écoute et d’observation tant de l’évolution du climat que des mouvements sociétaux. En outre, ils nous informent – par les faits – sur la mondialisation des migrations écologiques ou, tout au moins, des migrations induites par les modifications rapides du climat et, par contrecoup, des écosystèmes. Ils nous informent aussi sur la nécessité que les acteurs institutionnels locaux et internationaux parviennent à s’entendre sur les actions à prendre.

À notre sens, un chapitre transdisciplinaire de nature systémique au sein duquel auraient été synthétisés les causes, les conséquences, les pistes, les moyens d’intervention, les acteurs, les réalités, les positionnements politiques, idéologiques, économiques et sociologiques aurait apporté une dimension projective affirmée à cet ouvrage. En outre, les cadres disciplinaires auraient été dépassés par une construction collective de nature coopérative, mettant en synergie, de manière contextuelle, les spécificités de chaque discipline.

Néanmoins, l’ouvrage s’avère enrichissant. Il nous informe en exposant, en rendant accessibles et en disséquant les méandres des organisations internationales dans leurs investissements en faveur des déplacés, des migrants ou des réfugiés essentiellement pour des causes climatiques. Il nous met face à la complexité de toute intervention, que ce soit pour la gestion des mobilités induites par des conflits, des catastrophes ou des phénomènes spécifiques comme l’évolution climatique. Par ailleurs, les exemples explicitent, imagent et soutiennent la complexification exponentielle des axes de gestion de ces différents mouvements de population, du niveau local au niveau global.