Ce livre collectif est issu principalement de travaux de recherche réalisés dans le cadre de l’UMR Géographie-cités de l’université de Paris. Son objectif est de proposer une vision qui « va à la rencontre des grandes questions d’aménagement sur lesquelles [...] le nouveau Schéma Directeur de la Région Île-de-France (SDRIF) aura à prendre position dans ses propositions d’une stratégie territoriale régionale à l’horizon 2015 » (p. 7). Il est utile de rappeler ces deux origines de l’ouvrage, car elles en dictent la structure, l’apport et les limites. Le livre est structuré de manière très simple et claire. C’est un recueil de treize chapitres regroupés en trois parties (1.Centralités 2.Inégalités 3.Proximités). Le livre ne comporte aucun chapitre introductif, et donc aucune ligne directrice si ce n’est celle de soulever des questions qui seront importantes dans le cadre du SDRIF. Une conclusion de quatre pages propose quelques pistes pour synthétiser les divers chapitres. L’ouvrage ne présente donc pas un argumentaire ni un cadre théorique d’interprétation des chapitres, mais plutôt une collection de 13 chapitres hautement empiriques, employant des données et des méthodologies qui se ressemblent (beaucoup de cartes et d’analyses spatiales basées sur des données communales), qui décrivent chacun une facette de la métropole. On y couvre la répartition territoriale de l’emploi, des activités touristiques, des universités, des navettes, de la pauvreté, de la diversité sociale, de la précarité, des districts scolaires et des enclaves résidentielles. Les cinq derniers chapitres, tout en présentant des analyses se focalisant souvent sur des quartiers et sur leur perception, maintiennent le plus souvent cette approche spatiale et quantitative (mais parfois sur la base d’enquêtes). Bref, on obtient ainsi une couverture exhaustive et méthodologiquement semblable d’un grand nombre d’enjeux qui façonnent la région parisienne en ce début du XXIe siècle. Ce livre remplit donc tout à fait ses objectifs déclarés. Un tel recueil, principalement factuel, et démontrant un souci évident de relater de manière aussi objective que possible les observations des chercheurs, sera une importante source d’information pour les décideurs. L’effacement des chercheurs et la théorisation généralement très légère font en sorte que (presque) aucun message politique et (presque) aucun jugement de valeur n’y sont véhiculés. Pour qu’un livre puisse servir de base de discussion à des fins de politique publique, ces qualités sont importantes. Un tel recueil portant sur la région de Montréal, par exemple, aurait pu intelligemment cadrer le débat avant que la province ne décide – sur la base d’arguments tendancieux – d’en modifier profondément l’organisation municipale en 2001, avec les fâcheuses conséquences que l’on ressent encore aujourd’hui. Par contre, un tel livre porte le défaut de ses qualités: la neutralité et l’approche très factuelle qu’on y trouve en font un livre très dense et sans fil conducteur apparent (sauf le fait que tous les chapitres portent sur la même métropole et mettent en oeuvre des méthodes semblables). Ce livre sera donc très apprécié des chercheurs, qui pourront y trouver des éléments empiriques quantitatifs et spatiaux intéressants, mais le manque de contexte théorique et de ligne éditoriale n’en font pas un ouvrage idéal pour des étudiants de premier cycle, ni un livre de chevet. C’est plutôt un document de référence sur la métropole parisienne, et il est à souhaiter que d’autres livres de référence semblables soient écrits, et remis à jours de temps en temps, sur d’autres métropoles. En effet, ce livre a plusieurs grands mérites : il offre une photographie de la métropole parisienne à un moment donné, il fournit des analyses empiriques solides de dynamiques sociales et économiques qui façonnent cette métropole, et il fournira un point de départ sérieux et …
SAINT-JULIEN, Thérèse et LE GOIX, Renaud (dir.) (2007) La métropole parisienne. Centralités, inégalités, proximités. Paris, Belin, 333 p. (ISBN 978-2-7011-4486-3)[Record]
…more information
Richard Shearmur
Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS