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L’ouvrage de Jean-Jacques Bavoux, Initiation à l’analyse spatiale, offre un panorama relativement complet des concepts contemporains de l’analyse spatiale en géographie. Très didactique, l’ouvrage s’organise autour d’un plan récapitulant les grands champs d’analyse sur lesquels s’appuie la discipline. Ce livre présente avec force détails, moins individuellement chaque concept de la géographie, que ce qui fait la force de l’analyse spatiale, c’est-à-dire précisément l’articulation entre ces concepts et leur mise en perspective opératoire pour l’apprenti géographe. Néanmoins, 128 pages restent peu pour que le novice ou le curieux puissent se faire un avis objectif de ce qui constitue actuellement la pierre angulaire de la discipline, d’autant plus que l’ouvrage peine à dépasser le simple stade du recueil de concepts et de méthodes et à offrir une véritable présentation attrayante de la géographie contemporaine. En effet, l’ouvrage se présente sous forme d’un enchaînement régulier de capsules de textes, de 30 lignes chacune en moyenne, détaillant les concepts, les méthodes, les modèles et les outils de l’analyse spatiale. Certes, l’ensemble, actuel et didactique, ne fait abstraction d’aucune thématique et d’aucun questionnement fondamental de la discipline. C’est sans doute là sa grande force, même l’on n’en attentait pas tant pour ce type d’ouvrage. Cependant, il ressort de la structure générale de ce livre d’initiation un côté austère et monotone qui pourrait paradoxalement décourager le lecteur, malgré le faible nombre de pages. En effet, il est notamment décevant de constater que ce petit ouvrage, tout initiatique soit-il, ne comporte aucune illustration, pas même une carte, ce qui paraissait pourtant un minimum pour un livre de découverte des méthodes d’analyse de la géographie. Comment le lecteur peut-il réellement se faire une opinion sur les systèmes d’information géographique (SIG) sans en apercevoir le résultat ? Comment interpréter la notion de résidus dans une analyse de régression linéaire sans visualiser une droite de régression au sein du nuage de points d’un graphique ? Comment concevoir dans son esprit un système multi-agents (SMA) sans en découvrir le principe, ne serait-ce que schématiquement ? Ou encore, comment intégrer la notion de « morphologie réticulaire », telle que la cite l’auteur en page 47, sans introduire au sein du texte une transcription visuelle dynamique représentant les propriétés d’un graphe ? Néanmoins, tous ces points ne peuvent occulter la clarté globale des propos de l’auteur qui nous offre, en seulement 128 pages, un condensé de la géographie contemporaine, et plus particulièrement, de ses outils au service de l’analyse des territoires. En effet, en quelques pages, le lecteur oublie une discipline souvent enfermée dans les clichés scolaires et découvre ainsi une géographie vivante fondamentalement ouverte sur son quotidien.