Note limimaire[Record]

  • Marie-Soleil Cloutier and
  • Sébastien Fleuret

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Les dernières décennies ont vu la géographie de la santé évoluer, tant au plan international qu’au sein de l’espace francophone. Cette évolution est de deux ordres. Premièrement, l’épistémologie de la discipline s’est considérablement enrichie à travers des regards de plus en plus ouverts à l’interdisciplinarité (Litva et Eyles, 1995) et de moins en moins médicocentrés (Kearns et Moon, 2002 ; Fleuret et Hoyez, 2011). Deuxièmement, les rapports à l’espace, lorsqu’il est question de santé, sont désormais une préoccupation de premier plan, qu’il s’agisse du vieillissement de la population des sociétés occidentales, de la propagation des maladies infectieuses et des peurs qui les accompagnent, ou encore des inégalités dans l’accès aux soins en lien avec les systèmes de santé et les réformes qui les marquent. L’étude géographique traditionnelle des maladies, des soins et des malades, bien que toujours présente, progresse maintenant en parallèle avec celle du bien-être et de la qualité de vie des personnes. Par ailleurs, ces développements au sein de la discipline concernent autant les méthodes dites quantitatives que qualitatives qui, loin de s’opposer, se complètent sur des thématiques diverses. Dans l’espace francophone, la géographie de la santé s’est récemment dotée de manuels de référence faisant état de concepts fondamentaux et de travaux contemporains (Fleuret et Thouez, 2007 ; Fleuret et Hoyez, 2011), mais il n’existe pas encore de revue spécialisée telle que celles présentes dans le monde anglo-saxon (on pense ici à Health and Place ou encore à Social Science and Medicine). On peut toutefois rappeler que certaines revues ont publié des numéros spéciaux consacrés à la géographie de la santé : Espace, populations, sociétés en 1995 (La géographie de la santé en questions), 2006 (Espace urbain et santé) et 2011 (Risques de santé en société), Villes en parallèle en 2010 (Les territoires de la santé) ou encore Hérodote en 2011 (Santé publique et territoires). Dans le prolongement de ces parutions, ce numéro thématique des Cahiers de géographie du Québec a un double objectif : positionner l’évolution de la géographie de la santé francophone en présentant des travaux récents provenant de tous les champs de la discipline et susciter la réflexion sur les approches théoriques et les résultats empiriques mis en avant dans ces recherches. Le nombre de textes reçus témoigne certainement d’une grande vivacité de notre discipline et le numéro qui résulte des manuscrits acceptés offre un espace de publication rare pour les chercheurs francophones traitant des liens entre espace et santé. Organisé en deux parties, ce numéro propose un instantané de ce qui se fait actuellement en géographie de la santé au Québec et en Europe sous deux grands axes : L’espace comme cadre de santé et les Territoires d’étude, territoires d’action et acteurs en présence. Alors que le premier axe regroupe un ensemble d’articles proposant à la fois un état de la question et une analyse du lien entre cadre bâti et santé par rapport aux transports, le second s’intéresse aux notions d’espace quotidien, d’accessibilité et d’influence du lieu sur la santé. Les trois premiers textes traitent de l’espace comme cadre de santé sous l’angle méthodologique. Tout d’abord, Mathieu Philibert et Mylène Riva revisitent les principes sous-jacents aux effets de milieu sur la santé. Ils analysent les influences socioenvironnementales sur la santé des populations locales et identifient certains enjeux pour la recherche future. Le texte suivant présente le développement d’un outil géographique pour la prévention des maladies chroniques : les travaux réalisés par l’équipe d’Alain Vanasse démontrent encore une fois la pertinence d’utiliser des données géographiques et médicoadministratives dans une même application. Le dernier texte complète cette entrée en matière en proposant une évaluation …

Appendices