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La première édition de cet ouvrage datait de 2005 et méritait une mise à jour importante pour actualiser les nombreuses sources Internet citées et pour présenter le nouveau mode de recensement. Il faut souligner que les auteurs collaborent depuis longtemps puisqu’ils étaient coauteurs de La France des 36 000 communes, un livre publié il y a tout juste vingt ans.

Leur ouvrage s’affiche comme un manuel méthodologique destiné aux étudiants, mais aussi aux acteurs amenés à établir des diagnostics de territoires. L’objectif est de permettre à ces différents publics de mener une étude complète d’un territoire communal.

Le propos s’organise en trois parties, mais la dernière, pourtant la plus innovante puisqu’elle présente des modes de restitution originaux de ces données (photographies et vidéos), est expédiée en une grosse dizaine de pages frustrantes. Chaque partie est divisée en chapitres proposant l’acquisition d’une démarche d’analyse (étudier le paysage, dénombrer la population, etc.), eux mêmes scindés en différents thèmes (36 en tout) dont la numérotation continue témoigne d’une certaine autonomie. Les deux premières parties, aux titres peu explicites, constituent donc le coeur de l’ouvrage. La première propose d’étudier le paysage et de cartographier les appartenances ; la seconde est centrée sur la société et son évolution.

Dans le détail, cet ouvrage est une mine d’informations très variées. On trouve aussi bien la présentation (souvent succincte) de méthodes graphiques et cartographiques que des informations sur le profil sociologique de la France. Les différents types de données ainsi que la manière d’y accéder sont bien présentés, y compris les ressources numériques accessibles dans Internet. De plus, les nombreux exemples et illustrations permettent de comprendre et de reproduire les différentes recettes proposées.

Mais la lecture globale laisse une impression mitigée. Tout d’abord, le choix du niveau communal apparaît discutable, tant cet échelon semble aujourd’hui peu pertinent dans l’étude du local, et ce, alors que la dimension intercommunale est peu développée dans l’ouvrage. Ensuite, juste effleurés également, les outils de planification (PLU (Plan local d’urbanisme), SCOT (Schéma de cohérence territoriale) mais aussi PLH (Programme local d’habitat) ne sont pas suffisamment présentés comme des ressources potentielles d’information et d’analyse. Plus grave peut-être, en favorisant le principe de la recette, l’ouvrage laisse souvent en chantier la compréhension des processus qui ont conduit aux agencements observés. Pour finir, certains choix de sites Internet, notamment pour la cartographie interactive en ligne, laissent perplexe quant à leur intérêt. Sans parler de leur qualité (plutôt bonne) ou des objectifs (commerciaux ?) de leurs concepteurs, la puissance de ces outils peut faire oublier au lecteur l’importance de l’acquisition des rudiments de cartographie automatique.

Au final, cet ouvrage convient bien à l’acteur local soucieux d’avoir un canevas pour le diagnostic de son territoire. Cette qualité peut néanmoins cantonner l’ouvrage dans le statut de catalogue de fiches dans lesquelles le lecteur va puiser sans forcément avoir une vision globale du problème. Cela peut aussi tenter le lecteur pressé qui se contentera de la recette en omettant le travail nécessaire pour maîtriser les problématiques.