Comptes rendus bibliographiques

MORISSET, Lucie K. et BRETON, Marie-Ève (dir.) (2011) La ville. Phénomène de représentation. Québec, Presses de l’Université du Québec, 334 p. (ISBN 987-2-7605-2657-0)[Record]

  • Gilles Sénécal

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  • Gilles Sénécal
    Centre Urbanisation Culture Société, Institut national de la recherche scientifique

Ce recueil réunit 16 contributions, sans compter l’introduction, sous l’objectif de saisir les représentations de la ville comme objet de savoir (ou objet scientifique) et comme manifestations concrètes puisque les villes sont, à n’en pas douter, des formes que l’on voit, touche, sent, goûte et entend. La ville vécue est ainsi perçue et signifiée. Penser la ville comme phénomène de représentation est une façon de l’appréhender à travers les objets qu’elle donne à approcher (place, monument, bâtiment, sculpture, design urbain), mais aussi à travers les narrations, images et discours qui sont projetés vers les citadins afin, ce qui est une hypothèse, d’assurer la transmission des identités collectives. En cela, ce recueil vient alimenter l’économie critique des travaux sur les représentations sociales en général, qui foisonnent par les temps qui courent, et urbaines en particulier, ce qui constitue la contribution originale de ce recueil. D’une facture soignée, abondamment illustré, l’ouvrage retient l’attention par le spectre varié des préoccupations qu’il couvre, tout en évitant la dispersion qui marque nombre de recueils, mais pas complètement tout de même, bien que l’effort de cohésion soit senti. On sent cette cohésion en suivant un hommage à l’oeuvre d’André Corboz. D’ailleurs, le recueil est l’occasion de découvrir ou de redécouvrir cet auteur dont les écrits n’ont pas connu, à mon sens, une diffusion équivalente à l’importance que Lucie K. Morisset et Marie-Ève Breton accordent à sa contribution. On apprend au fil des chapitres que cet auteur singulier a d’emblée puisé à différentes épistémologies, celles de l’architecture, de la poétique et de l’histoire de l’art, tout en laissant des pistes pour aborder les concepts de ville-territoire, d’hyperville et de palimpseste urbain. La méthode Corboz qui se veut non positiviste est décrite par Thierry Paquot qui le cite : « L’erreur positive, le hasard, la bifurcation, l’impasse, la dérive – rendent le sujet actif, imposent un tracé non déterminé, ouvrent une démarche à l’imprévu, permettent d’éviter la tautologie insidieusement présente dans toutes les confirmations trop bien bouclées » (p. 25). Soit dit en passant, on croit reconnaître ici la méthode de la dérive de Guy Debord (2006). La méthode, ou non-méthode, de Corboz propose d’y aller par quatre chemins, d’explorer l’à-côté, de chercher l’effet ricochet (p. 26-27). L’oeuvre de Corboz est ainsi sollicitée à chacun des chapitres. Alena Prochazka l’aborde en y dévoilant son apport théorique à la question de la production de la ville, en pensant la stratification des époques et la fabrication des identités collectives, notamment lorsque la conservation et le recyclage se définissent à même un entrelacs entre le paysage idéel et le cadre bâti (p. 72-73). Yves Deschamps aborde la formation des banlieues et le phénomène de l’hyperville, concept également emprunté à Corboz. À quoi sert le contexte ? se demande Georges Adamczyk. Probablement à mettre en relation. En parallèle d’une vaste rétrospective du processus de formation et de modernisation de la ville capitale qu’est Québec, Guy Mercier examine les images de la ville, de son entrée dans la modernité, au profit de concepts urbanistiques et aménagistes comme le mouvement, le zonage, la polarisation, pour ne citer que ceux-là, et jusqu’à conclure à un urbanisme de l’échec. Des auteurs s’attardent au mythe (anti-urbain ?) de la ville horizontale dans la verdure (Catherine Mauni). Dans la même veine, Yves Chalas explore l’idée de ville-nature, en fait de l’interpénétration de la nature, de l’urbain et de la ruralisation de la ville. Encore l’idée de ville verte, et de la ville contre-nature : Joëlle Salomon Cavin décrypte les figures de la ville puisées à même le récit des défenseurs de la nature. Qu’il s’agisse des images de …

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