Comptes rendus bibliographiques

COMBE, Lila, GARIÉPY, Michel, GAUTHIER, Mario, PAULHIAC SCHERRER, Florence et SCHERRER, Franck (2012) Débattre pour transformer l’action urbaine. Planification urbaine et développement durable à Grenoble, Lyon et Montréal. Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 244 p. (ISBN 978-2-7606-2793-2)[Record]

  • Gilles Sénécal

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  • Gilles Sénécal
    Centre Urbanisation Culture Société INRS

Le projet de cette équipe consiste à développer une « démarche pragmatique visant à dépasser une approche strictement procédurale de la question de la participation publique » (p. 10). Autrement dit, par-delà les prémisses du tournant communicationnel en aménagement et en planification urbaine, on entend mettre en question les effets de la participation, notamment sur la transformation de l’action urbaine et l’intégration des objectifs du développement durable dans les pratiques urbanistiques. Le projet de recherche exposé dans le recueil se comprend d’abord et avant tout comme un retour réflexif sur les tentatives d’établir, dans les trois villes – Grenoble, Lyon et Montréal –, les fondements d’un aménagement durable. On y définit le développement durable comme « un principe d’action central pour l’aménagement et l’urbanisme » (p. 13). Le deuxième principe sur lequel la démarche s’appuie est l’approche participative. L’introduction du recueil est d’ailleurs l’occasion de revenir sur les mérites du courant communicationnel en aménagement. Deux hypothèses sont avancées. Qualifiées de réfutables, malgré le fait qu’elles soient aussi présentées comme des « posture(s) de recherche », elles sont aussi décrites comme évolutives, puisqu’elles ont été « affinées en cours de recherche » (p. 17). Les hypothèses sont surtout l’occasion de mesurer les effets du discours du développement durable – ce concept faible mais utile, selon moi – sur l’action publique en matière d’urbanisme et de planification. Disant cela, il faut reconnaître que cet ouvrage s’adresse à un public restreint, mais très intéressé, celui des chercheurs et des experts qui s’interrogent sur les pratiques participatives en aménagement et en urbanisme. La première hypothèse postule que la congruence des politiques publiques affectées au développement durable « ne peut se mesurer uniquement à l’aune du contenu substantiel de ces politiques » (p. 16). Elle est l’occasion de revenir sur l’articulation des trois sphères du développement durable, présentée ici sous l’angle d’une mise en tension de l’économie, du politique et de l’environnement. La seconde hypothèse défend la participation publique comme le meilleur moyen de mettre en tension ces trois composantes du développement durable urbain. La démarche, originale en soi, conçoit la participation comme le vecteur du développement durable. Dans cette optique, les auteurs proposent d’évaluer les effets de la participation sur les apprentissages (faits par les acteurs collectifs et individuels) et sur la prise en compte d’enjeux dits orphelins dans les processus de planification, ce qu’ils conçoivent comme une « inflexion des politiques vers un développement plus durable » (p. 22-23). La question ainsi posée est de savoir si la participation a permis de faire émerger des enjeux orphelins et de produire davantage de cohérence entre les problèmes et les solutions tirées par les politiques publiques. C’est donc à travers l’analyse des dispositifs de participation des trois villes que les hypothèses sont testées. Il faut souligner ici l’effort d’établir une grille d’analyse commune, qui se décline en niveaux d’analyse, dimensions et indicateurs. Il s’agit, à mon sens, de la contribution majeure de l’étude. Le degré d’institutionnalisation, l’implication de la participation dans le processus de participation, le fonctionnement interne des arènes de participation, l’apprentissage collectif sont, parmi d’autres, les dimensions retenues. Les politiques publiques en sortent-elles transformées ? Telle est la question qui occupe finalement le point central de l’analyse. Au regard des trois cas abordés, la réponse est mitigée. Que ce soient le plan de déplacement de Grenoble, le schéma de cohérence territoriale (SCOT) de Lyon ou le plan d’urbanisme de Montréal, les processus étudiés, assimilables à des politiques publiques de développement durable, paraissent décevants au vu du dépassement de l’approche procédurale. À l’exemple de Montréal, où la consultation sur le plan d’urbanisme a suscité …